Page 16 - catalogue tableaux_08-2020
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EUGÈNE BOUDIN
                        (HONFLEUR, 1824 – DEAUVILLE, 1898)


                        Caudebec-en-Caux, bateaux sur la Seine

                        1889
                        Huile sur toile, signée et datée en bas à droite « E. Boudin 89 »
                        51,1 x 74,9 cm.

                        Publication
                        Œuvre reproduite dans Eugène Boudin, 1824-1898, Robert Schmit, vol. III, Paris, 1973,
                        n° 2584 (illustré p.16).
                        Provenance
                        Dr Charles Abadie, Paris (acquis avant 1899) ;
                        Vente Hôtel Drouot, Paris, 25 avril 1903, lot 4 ;
                        Vente Hôtel Drouot, Paris, 19 juin 1931, lot 4 ;
                        Yvonne Coty, Paris ;
                        Yves Michel Coty, Virginia (par descendance des précédents) ;
                        Collection privée (par descendance des précédents, 1974) ;
                        Addison Associates Fine Arts, San Francisco (acquis en 2002) ;
                        Montgomery Gallery, San Francisco (acquis en 2004) ;


                             Quelle étrange sensation d’épure nous saisit à la vue de cette toile où règne une
                        atmosphère apaisante. Le ciel qui emplit la composition, se répand, comme toujours chez
                        Boudin, dans le fleuve qu’il surplombe, à peine freiné par la rive bleutée à l’horizon. Seule la
        16              crête des collines opère une légère transition dans ce dégradé de bleus célestes. C’est à droite,
                        en revanche, que, fermant la scène, la rive, plus proche de nous, fait masse. La frondaison de
                        ses arbres, aux feuillages denses et sombres, s’amplifie par son reflet dans le fleuve, laissant
                        juste la place à une berge blonde et lumineuse où se tiennent deux personnages. C’est vers
                        cette destination que se dirige la barque chargée de passagers, sur le devant de la scène. La
                        touche plus ferme et saturée que lui a réservée le peintre, la distingue de la palette éthérée
                        environnante. Sa masse et son reflet la rattachent visuellement à la berge qu’elle rejoindra
                        bientôt. Par le jeu apparemment simple de l’équilibre des masses et des effets chromatiques,
                        Boudin nous dépeint le quotidien d’une traversée de la Seine dans ce paysage normand qu’il
                        affectionne au point de le transcender. Au-delà de l’impressionnisme à venir, c’est presque
                        d’abstraction qu’il s’agit dans cette évocation de paysage.
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