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ÉCOLE FRANÇAISE DU XVII  SIÈCLE.
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                        Portrait du roi Louis XIV

                        1644
                        Huile sur toile
                        62 x 49,5 cm.


                             Cet enfant qui nous regarde avec assurance est promis à grand destin et il semble en
                        être déjà conscient. Les yeux noirs grands ouverts nous dévisagent sans timidité aucune et la
                        bouche esquisse un sourire mi rieur, mi dédaigneux. L’enfant est coiffé d’une grande plume
                        d’autruche blanche qui lui retombe sur le côté, épousant l’ovale de son visage et dédoublant
                        sa coiffure telle une perruque. L’habit est luxueux, chatoyant, réalisé dans un brocart aux
                        ramages raffinés que ferment de multiples petits boutons sur le devant. Les trois nœuds du
                        bas retiennent les plis d’une robe non visible. Le col et les manches sont en dentelle. Enfin,
                        lui barrant la poitrine, le cordon de l’ordre du Saint-Esprit dont on aperçoit le sommet de la
                        croix, vient attester de l’origine princière du personnage. S’il n’était ce signe de distinction,
                        le texte prolixe qui figure en arrière-plan de ce portrait nous en révèle l’identité : « Le roi très
                        chrétien Louis XIV ». Ce texte occupe une place prépondérante, venant sertir le buste du jeune
                        roi. Il nous révèle le contexte de sa création et sa destination, un cadeau de remerciement du
                        roi au Nonce apostolique en souvenir de son séjour en France.

                             Les traits sont bien ceux du jeune Louis XIV, alors âgé de cinq ans, semblables à
                        un autre portrait contemporain mais cette fois sculpté par Jacques Sarrazin et conservé

        92              aujourd’hui au Musée du Louvre. Les mêmes yeux attentifs, les mêmes joues gonflées et ce
                        même renflement de la lèvre inférieure, propre aux Bourbons. En outre, ce portrait est en
                        tous points similaire au portrait de famille, aujourd’hui conservé au château de Versailles,
                        où Louis XIV figure, en pied, avec sa mère Anne d’Autriche et son frère cadet Philippe
                        d’Orléans. Il en est comme l’extraction ; seule change la couleur de la robe, jaune d’or.
                        Orphelin à trois ans, Louis XIV connait des jours sombres dus à la Fronde qui menace
                        son trône. La monarchie a besoin d’affirmer son pouvoir, notamment par les images. Les
                        effigies du jeune monarque se multiplient ainsi. Dès l’âge de trois ans, il est portraituré par
                        des peintres proches de la couronne : Philippe de Champaigne (dessin conservé au Louvre)
                        et par Claude Deruet (Musée des Beaux-arts d’Orléans). Ici, l’écrit vient encore renforcer le
                        pouvoir de l’image. Bien que resté anonyme, ce portrait comme celui de Versailles est d’une
                        grande qualité soulignant l’intensité du regard de jeune monarque.
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