Page 84 - catalogue tableaux_08-2020
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PAUL DORIVAL
                        (GRENOBLE, 1604 – GRENOBLE, 1684)


                        Nature morte à la corbeille de raisins

                        1660
                        Huile sur toile (signée et datée 1660 au dos)
                        80 x 115 cm.

                        Certificat René Millet Expertise.
                        Publications
                        Œuvre reproduite dans La Nature morte en France, M. Faré, t. II, Genève, 1962, fig. 130 (signé
                        au dos) ; Petits maîtres de la Nature Morte en France, C. benedict, in L’œil, n° 91-92, juillet-aout
                        1962, pp. 40 et 44 ; Le Grand siècle de la nature morte en France. Le XVIIème siècle, M. Faré,
                        Fribourg – Paris, 1947, pp. 144 et 145(signé et daté 1660 au dos) ; Thee French Painters of the
                        Seventeenth Century, Ch. Wright, Boston, 1985, p. 177 (signé et daté 1660 au dos de la toile
                        d’origine) ; D’après nature. La Nature morte en France au XVIIème siècle, C. Salvi, Tournai, 2000,
                        pp. 76 et 77, (signé et daté 1660 au dos) ; La Nature morte en France au XVIIème siècle, E.
                        Coatalem, Paris, 2017, pp. 150-151, (signé et daté 1660 au dos).

                        Provenance
                        Collection Mestrallet, Paris, vers 1952 ; Collection Maurice Segoura, Paris, 2000.

                             Généreuses et appétissantes, de belles grappes de raisins, encore pourvues de leurs
                        feuilles, débordent généreusement d’une corbeille d’osier ajourée. Entre ces grappes,
                        émergent d’autres branches chargées de différentes variétés de prunes, mais aussi des pêches
        84              et quelques rares cerises… Certains de ces fruits, tombés de la corbeille, reposent au premier
                        plan sur la table. Enfin, on aperçoit parmi cette profusion, un oiseau qui au sommet de la
                        corbeille se régale de grains de raisins. Les rameaux occupent ici une place privilégiée, à
                        l’égal des fruits, et attestent de la fraicheur de cette cueillette. Le réalisme avec lequel Dorival
                        représente ces fruits confère à cette « nature morte » une présence particulière, loin d’être
                        seulement décorative. Le peintre a notamment pris soin de réunir des fruits d’une même
                        saison, témoignant ici d’une intention plus réaliste que symbolique. Cependant, ces fruits ne
                        sont pas sans évoquer indéniablement des valeurs chrétiennes, les cerises étant considérées
                        comme les fruits du paradis, tandis que les pêches et les prunes incarnent le fruit défendu.
                        Le raisin, enfin, symbolise la rédemption. Ce dernier domine d’ailleurs la composition,
                        émergeant de la noirceur qui occupe tout l’arrière-plan. L’oiseau qui en émerge, au plumage
                        en partie noir, revêt alors une connotation négative, en s’attaquant au fruit sacré. La valeur
                        eucharistique du raisin est ici manifeste et témoigne de la valeur religieuse sous-jacente de
                        cette nature morte.
                             Paul Dorival (1604-1684) est un peintre français, actif à Grenoble. Plus particulièrement
                        tourné vers les sujets religieux, on ne possède hélas que peu d’éléments sur sa biographie.
                        Néanmoins, sa production de natures mortes le situe dans le sillage de son contemporain
                        Isaac Soreau, formé auprès de Jacob van Hulsdonck. Même si l’on ignore d’éventuels contacts
                        avec ces peintres ou leurs œuvres, les natures mortes de Dorival s’inscrivent dans la grande
                        tradition d’origine néerlandaise où dominent les modèles créés par Ambrosius Bosschaert
                        puis Balthasar Van der Ast. Leurs compositions de fruits sur fond neutre, plus ou moins
                        animées de la présence d’insectes ou d’oiseaux, en ont renouvelé le genre. Leurs symboliques
                        cachées, religieuse ou morale, en font des sujets très prisés au XVIIe siècle , en particulier
                        dans les Pays-Bas protestants qui privilégient les vanités chargées de délivrer un message
                        spirituel au-delà du simple plaisir visuel.
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