Page 78 - catalogue tableaux_08-2020
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EDGAR DEGAS
(PARIS, 1834 – PARIS, 1917)
Danseuse vue de dos
Vers 1860-62
Fusain et gouache sur papier, estampé « Degas » en bas à gauche
30,5 x 22,5 cm.
Certificat Galerie Brame & Lorenceau
Provenance
Propriété de l’artiste (vente Galerie Georges Petit, Paris, Atelier Edgar Degas, 3ème vente, 7-9
avril 1919, lot 137) ; Ernest Rouart, Paris ; Collection privée, New-York ; Privart, Genève.
Toujours à la recherche de points de vue inédits, tournant autour des êtres et des
formes pour mieux les appréhender, Degas nous représente cette ballerine de dos, dans un
raccourci plongeant. Il accorde son attention principalement à la gestuelle, surlignée au
fusain, et délaisse quasiment le tutu aux contours à peine suggérés, laissant un vide entre
le torse et les mollets. Le torse et les bras sont particulièrement appuyés par les lignes, puis
l’estompe, du fusain. Le torse et la tête, penchés vers l’avant sont figurés en raccourci. Les
bras, en « troisième position », le droit rabattu devant et le gauche tendu vers l’arrière,
s’accompagnent du mouvement du tutu que les mains soulèvent pour amplifier la grâce de la
gestuelle. Les jambes, quant à elles, esquissent un « rond de jambe », la droite saisie en plein
mouvement suspendu, la gauche campée au sol, en soutien du corps. Enfin, quelques rehauts
78 de gouache blanche viennent éclaircir le bras gauche tendu et le départ des fronces du tutu à
la ceinture. Degas, grand habitué des salles de danse, parvient, avec une grande économie de
moyens, à restituer avec acuité les postures les plus fugaces des ballerines de l’Opéra de Paris.
Edgar Degas (1834-1917) est un peintre français appartenant au mouvement
impressionniste. Issu d’un milieu aisé et cultivé, Degas copie très tôt les grands maitres au
Louvre puis entreprend des voyages en Italie pour découvrir les œuvres de la Renaissance.
A partir de 1874, il expose régulièrement au Salon des impressionnistes. A Montmartre, où
il fréquente l’avant-garde artistique, il se lie avec Edouard Manet. C’est à partir des années
1880 que, sa vue déclinant, il privilégie la technique du pastel auquel il associe parfois de la
gouache ou de l’aquarelle. C’est à cette période qu’il développe un intérêt particulier pour
les ballerines qui constituent bientôt l’un de ses sujets de prédilection. Assidu de l’Opéra de
Paris, il en explore les divers espaces, de la salle à la scène en passant par les loges, le foyer
et surtout les salles de danse. C’est là qu’il prend pour modèles les ballerines, observant la
diversité de leurs poses, variables à l’infini, sur scène comme en coulisses. Sa passion pour
le corps féminin s’exprime aussi dans ses autres déclinaisons de « femmes au tub », véritable
leitmotiv de sa peinture, où il porte un regard d’une grande intimité sur ses modèles, revisitant
le thème de la femme à sa toilette.