Page 74 - catalogue tableaux_08-2020
P. 74
EDGAR DEGAS
(PARIS, 1834 – PARIS, 1917)
Fillette portant des fleurs dans son tablier
Vers 1860-62
Huile sur toile signée en bas à droite « Degas »
73,3 x 55,7 cm.
Cette fillette qui s’avance avec grâce et retenue esquisse un léger pas de danse, à mi-
chemin d’une révérence. Les bras tendus vers l’avant pour relever sa jupe, qui accueille
une gerbe de fleurs, elle laisse entrevoir ses chevilles, croisées dans un équilibre précaire.
Emergeant de l’ombre de l’arrière-plan, elle s’avance dans la lumière comme sur une avant-
scène. Ne serait-elle pas, en effet, en train de saluer après une représentation ? Les fleurs
seraient alors celles de son ovation, comme pour une jeune étoile de l’opéra… Entre portrait
et scène de genre, cette peinture à la touche fine et enlevée nous campe une attitude d’une
grande fraicheur, captée sur le vif. Cette œuvre de jeunesse préfigure les sujets de prédilection
que Degas développera au faite de sa maturité et dévoile déjà sa passion pour les petits « rats »
de l’Opéra de Paris, qu’il entreprit de peindre sous toutes leurs coutures. Si aucun indice
dans le décor ne situe l’action, la tenue vestimentaire et l’âge précoce de cette fillette révèle
probablement ici une enfant « de bonne famille » de l’entourage du peintre, saisie à l’occasion
d’un événement familial.
Edgar Degas (1834-1917) est un peintre français appartenant au mouvement
74 impressionniste. Issu d’un milieu aisé et cultivé, Degas copie très tôt les grands maitres au
Louvre puis entreprend des voyages en Italie pour découvrir les œuvres de la Renaissance.
A partir de 1874, il expose régulièrement au Salon des impressionnistes. A Montmartre, où
il fréquente l’avant-garde artistique, il se lie avec Edouard Manet. C’est à partir des années
1880 que, sa vue déclinant, il privilégie la technique du pastel auquel il associe parfois de la
gouache ou de l’aquarelle. C’est à cette période qu’il développe un intérêt pour les ballerines
qui constitueront l’un de ses sujets de prédilection. Assidu de l’opéra, il les choisit pour
modèle, leur faisant prendre des poses à l’infini sur scène ou en coulisses. Sa passion pour
le corps féminin s’exprime aussi dans ses autres déclinaisons de « femmes au tub », véritable
leitmotiv de sa peinture, où il porte un regard d’une grande intimité sur ses modèles, revisitant
le thème de la femme à sa toilette.