Page 76 - catalogue tableaux_08-2020
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EDGAR DEGAS
(PARIS, 1834 – PARIS, 1917)
Danseuse saluant
Vers 1860-62
Fusain et gouache sur papier, estampé « Degas » en bas à gauche
31,7 x 22,8 cm.
Certificat Galerie Brame & Lorenceau
Provenance
Propriété de l’artiste (vente Galerie Georges Petit, Paris, Atelier Edgar Degas, 3ème vente,
7-9 avril 1919, lot 121) ; Collection Bourgeat, France ; Collection privée, New-York ; Privart,
Genève ; Acquis de ce dernier le 23 mai 2003.
Adoptant un point de vue en plongé, l’artiste saisit ici une jeune danseuse faisant le
geste de saluer, son cavalier ou son public, dans une gracieuse révérence. Vêtue d’un large
tutu dont les plis accompagnent son mouvement, la ballerine se penche en avant, ployant les
genoux en « demi-plié » et disposant ses pieds parallèlement, dans une pose dite en « quatrième
position ». Le port des bras, en « troisième position », consiste à en rabattre l’un, tandis que
l’autre est tendu. Cette observation minutieuse des postures de la danse classique, révèle une
fréquentation assidue des salles de l’Opéra de la part de Degas. Il aime à saisir des instants
suspendus, grâce au fusain, rapide et suffisamment imprécis dans son tracé pour pouvoir
suggérer le déplacement des formes. Ainsi, le contour des bras se fait-il multiple pour mieux
76 exprimer la gestuelle. La gouache blanche, hâtivement brossée, vient, quant à elle, mettre en
avant les zones saillantes, qui prennent la lumière : bras, épaule, poitrine et jambe gauche,
placée en avant. Quelques hachures au fusain viennent ancrer le personnage au sol. Degas,
dans une grande économie de moyens, parvient à capter avec une grande virtuosité une
figure de danse.
Edgar Degas (1834-1917) est un peintre français appartenant au mouvement
impressionniste. Issu d’un milieu aisé et cultivé, Degas copie très tôt les grands maitres au
Louvre puis entreprend des voyages en Italie pour découvrir les œuvres de la Renaissance.
A partir de 1874, il expose régulièrement au Salon des impressionnistes. A Montmartre, où
il fréquente l’avant-garde artistique, il se lie avec Edouard Manet. C’est à partir des années
1880 que, sa vue déclinant, il privilégie la technique du pastel auquel il associe parfois de la
gouache ou de l’aquarelle. C’est à cette période qu’il développe un intérêt particulier pour
les ballerines qui constituent bientôt l’un de ses sujets de prédilection. Assidu de l’Opéra de
Paris, il en explore les divers espaces, de la salle à la scène en passant par les loges, le foyer
et surtout les salles de danse. C’est là qu’il prend pour modèles les ballerines, observant la
diversité de leurs poses, variables à l’infini, sur scène comme en coulisses. Sa passion pour
le corps féminin s’exprime aussi dans ses autres déclinaisons de « femmes au tub », véritable
leitmotiv de sa peinture, où il porte un regard d’une grande intimité sur ses modèles, revisitant
le thème de la femme à sa toilette.