Page 72 - catalogue tableaux_08-2020
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ALFRED DE DREUX
                        (PARIS, 1810 – PARIS, 1860)


                        Portraits du duc de Chartres et du comte de Paris en Ecossais

                        1850
                        Huile sur toile signée en bas à gauche
                        86 x 111,4 cm.


                             Ces deux jeunes garçons s’apprêtent à partir pour une promenade en poneys Shetland
                        par une belle journée ensoleillée dans la campagne anglaise. A l’arrière-plan, dans l’embrasure
                        de la porte d’un pavillon, se tient une servante qui veille à leur départ. Trois chiens de race
                        rivalisent avec nos personnages par leurs présences animées. Tandis qu’un énorme Terre-
                        neuve se frotte affectueusement contre l’ainé des garçonnets, qui n’est pas encore en selle,
                        deux petits Cairn terriers s’observent, prêts à s’affronter, de part et d’autres de la toile. Chiens
                        et chevaux sont ici l’apanage de l’aristocratie, et ses deux enfants revêtus d’une même tenue
                        écossaise, reconnaissable au kilt, sont les deux princes de la maison d’Orléans en exil en
                        Angleterre. La touche est claire et lisse, le peintre porte une attention particulière à rendre
                        la morphologie et les mouvements naturels des animaux, dont on reconnait parfaitement les
                        races. Les enfants à leur tour sont saisis avec naturel. Si la scène dégage une certaine sérénité
                        laissant  entrevoir la quiétude  du  quotidien  d’enfants d’une  classe  aisée,  elle  n’en  est  pas
                        moins emprunte d’une certaine mélancolie. En effet, ces deux frères sont orphelins de leur
                        père, le prince Ferdinand-Philippe, fils du roi destitué Louis-Philippe, réfugié en Grande-
                        Bretagne. L’instantané de ce paisible portrait de famille dans une campagne anglaise masque
        72              ainsi le destin incertain de ces princes de sang, héritiers potentiels de la couronne de France.

                             Pierre-Alfred Dedreux (1810-1860), dit Alfred de Dreux, est un peintre français,
                        portraitiste autant que peintre animalier. Fils d’un architecte grand prix de Rome, il séjourne
                        enfant à la Villa Médicis à Rome, où il rencontre Théodore Géricault et Léon Cogniet,
                        auprès duquel il va bientôt étudier la peinture. Passionné de cheval, à l’instar Géricault dont
                        il copie les oeuvres, il commence à exposer au Salon à partir de 1831 où il est remarqué
                        notamment pour ses portraits animaliers. Il réalise sa première commande officielle avec un
                        Portrait équestre du duc d’Orléans et sa garde, en 1842 qui lui vaut de devenir le peintre attitré
                        de la famille royale d’Orléans, suivant le roi Louis-Philippe dans ses déplacements officiels
                        et jusque dans son exil en Angleterre, à partir de 1848. Ce double portrait de ces petits-fils
                        fut très probablement peint à Clermont House, dans le Surrey, où la famille royale résidait.
                        Très apprécié de l’aristocratie anglaise, Alfred de Dreux peint alors de nombreux portraits
                        équestres, célébrant autant les montures que leurs cavaliers, qui ornent aujourd’hui encore
                        les plus prestigieuses collections privées britanniques. De retour en France en 1852, il se
                        rapproche de la famille impériale. Il peint alors le fameux Portrait équestre de Napoléon III,
                        aujourd’hui au musée de l’Armée, à l’Hôtel des Invalides à Paris. Il meurt d’une maladie
                        infectieuse, au faîte de sa carrière, en 1860.
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