Page 68 - catalogue tableaux_08-2020
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JACQUES-LOUIS DAVID
(PARIS, 1748 – BRUXELLES, 1825)
Le Bélisaire
Vers 1780
Huile sur toile
43 x 55 cm.
Exposition David, Musée Jaquemart – André, Paris 2005.
Dans un cadrage resserré, un vieillard la tête penchée, soumis, tend le bras gauche
pour demander l’aumône. De son autre main, il prend appui sur une lance dont le sommet
sort du cadre. Juste derrière lui, un enfant, le regard apeuré, l’aide à lever son bras. Les
personnages sont représentés en buste. La scène est le détail d’un tableau plus grand qui
nous conte l’histoire entière, celle, inique, du général byzantin Bélisaire, rendu aveugle et
réduit à la mendicité par la jalousie de l’empereur Justinien. Cette peinture d’histoire au
grand format, peint par Jacques-Louis David en 1780, est aujourd’hui au Palais des Beaux
– Arts de Lille. Une copie par son auteur est au Louvre. On reconnait ici la facture lisse et
précise de David. La puissance de son dessin aux contours nets, le clair-obscur subtil qui
sert l’action en éclairant les détails signifiants : le front dégarni, courbé dans un mouvement
d’humilité, le bras encore musclé et la main suppliante. La lumière hiérarchise aussi en
laissant l’enfant, secondaire, dans une semi-pénombre. Le fond uni aux tons bruns nous
renvoie aux personnages. L’influence de Caravage est ici patente.
68 Jacques-Louis David (1748-1825) est le chef de file de l’école néoclassique. Formé
dans l’atelier de Vien, David obtient en 1774 le premier prix de Rome où il part s’installer
pour six ans, multipliant les voyages à travers l’Italie. Il se familiarise avec l’Antiquité
dessinant les ruines romaines jusqu’à Pompéi. Mais il découvre aussi Caravage dont il
admire les clairs-obscurs et Poussin chez qui il apprécie la rigueur de la composition et la
clarté de la narration. C’est à son retour de Rome qu’il réalise son Bélisaire, chef-d’œuvre
unanimement admiré, qui est son morceau d’agrément à l’Académie royale de peinture et de
sculpture. Peintre engagé et bientôt révolutionnaire, David fait de sa peinture un manifeste
politique. A la rigueur de ses compositions correspond un discours moral. L’apologie de
la vertu romaine, virile et incorruptible, lui fait choisir des thèmes toujours plus édifiants
comme Le Serment des Horaces ou le Brutus, aujourd’hui au Louvre. Après la Révolution,
durant laquelle il occupa d’importantes fonctions, il prend la cause de Napoléon Bonaparte
dont il devient le peintre officiel, une fois celui-ci empereur. Il peint alors son chef-d’œuvre,
Le Sacre de Napoléon. Artiste rebelle et indépendant, il s’exile à Bruxelles à la fin de l’Empire
où il continue une carrière de portraitiste.