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GUSTAVE COURBET
                        (ORNANS, 1819 – LA TOUR-DE-PEILZ, 1877)


                        Le Doubs à la Maison Monsieur

                        1875
                        Huile sur toile signée au dos 50 x 61 cm.
                        Publication
                        Oeuvre reproduite dans le livre Gustave Courbet : Peintre de l’art vivant,
                        Robert Fernier, Paris, 1969.


                             Au fond d’une vallée, une grande bâtisse, presque écrasée par les hauteurs abruptes
                        qui l’entourent, occupe le centre de ce paysage montagneux. Elle borde un petit lac où se
                        reflète, plus ténue, sa façade blanche. De l’autre côté du lac, au premier plan, une barque
                        est accostée à une rive herbeuse et ensoleillée par laquelle notre regard entre dans le tableau.
                        La composition, parfaitement équilibrée, s’organise à partir de cet axe que tracent la barque,
                        la maison et son reflet, seuls témoins d’une présence humaine dans ce paysage presque
                        sauvage. Les versants des deux montagnes descendent vers la bâtisse comme les lignes de fuite
                        convergeraient vers un point central. Aux cimes crénelées des sapins, à droite, correspondent
                        les arêtes dentelées de la falaise, à gauche. A l’arrière, au centre, pointe une troisième
                        montagne, bleutée, qui ferme l’horizon. Cet espace sombre et clos s’ouvre vers nous. Les
                        couleurs y sont saturées : à la minéralité des gris du flanc de la montagne, où affleure la
                        roche, répondent les verts de la végétation. Sombres, virant au brun, pour les conifères, plus
                        vif pour l’herbe du premier plan. L’étendue d’eau offre une synthèse de cette gamme par son
        66              miroir grisé aux reflets verdâtres.

                             Gustave Courbet (1819-1877) est le chef de file du courant réaliste. Fils d’agriculteur,
                        il est très proche de la nature. A Paris, il débute à 20 ans son apprentissage de la peinture
                        dans l’atelier de Charles de Steuben et fréquente régulièrement le Louvre où il admire la
                        peinture hollandaise et espagnole du XVII  siècle , mais copie aussi Géricault. Il prend alors
                                                            e
                        un atelier et se lie d’amitié avec les artistes Bohème, notamment Baudelaire. Après un voyage
                        en Hollande où il découvre Rembrandt et Hals, il retourne chez lui à Ornans pour opérer
                        un changement radical dans sa peinture qu’il qualifie lui-même de « réaliste ». Son chef –
                        d’œuvre, Un Enterrement à Ornans, aujourd’hui au musée d’Orsay, fera scandale au Salon
                        de 1851, considéré comme trop réaliste voire socialiste. Désormais sa peinture choque, ses
                        nus féminins, trop sensuels, sont jugés dégradants. Il n’abandonne pas cependant le paysage,
                        parcourant le Languedoc, la Normandie et les Charentes où il peint et expose même avec
                        Corot. Membre actif de la Commune de Paris en 1871, il est condamné à financer la
                        reconstruction de la colonne Vendôme. Ruiné, il s’exile alors pour la Suisse où il reprend
                        une activité prolifique et connait une notoriété internationale. Il doit alors s’entourer de
                        collaborateurs pour répondre aux demandes. Le Doubs à la Maison Monsieur témoigne de
                        cette dernière période de sa carrière.
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