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JEAN-BAPTISTE CAMILLE COROT
                        (PARIS, 1796 – PARIS, 1875)


                        Une Ville au bord de la mer (Bretagne)

                        1850 – 1860
                        Huile sur toile signée en bas à gauche 27 x 43,2 cm.
                        Publication
                        Œuvre reproduite dans L’œuvre de Corot, catalogue raisonné et illustré, Alfred Robaut Paris,
                        1905, vol. II, pp. 254 – 255, n° 771.


                             Dans la paisible torpeur d’une journée d’été, suggérée par des tons chauds, ocre-jaunes,
                        un petit port de pêche s’étire tout en longueur. Il est vu à distance, depuis la rive opposée
                        d’une petite baie, comme enchâssé entre un ciel brouillé de gris et une mer légèrement plus
                        bleutée. Une plage de sable blond vient souligner le camaïeu de bruns qui revêt les maisons en
                        granite. Au centre, un clocher dresse sa haute silhouette grise. Partout cette teinte ocre vient
                        réchauffer l’atmosphère et lui apporter une certaine sérénité. Au second plan, légèrement
                        décentré, se tient un pêcheur sur une barque. L’un comme l’autre se résument à quelques
                        touches épurées, une fine bande brune pour signifier l’embarcation, une masse blanche pour
                        le torse de l’homme. La tâche qui forme son bonnet rouge n’est cependant pas anodine car,
                        seule touche vive de la composition, elle vient nous signaler la seule présence humaine de ce
                        paysage. Véritable signature du peintre, ce bonnet rouge vient rythmer les peintures de Corot
                        à cette période de sa carrière, comme un leitmotiv nous invitant à réfléchir à la place modeste
                        que doit occuper l’homme dans un paysage qu’il a souvent façonné. Car Corot interprète et
        54              ne se contente pas de représenter ce qu’il voit. « Le réel est une partie de l’art, le sentiment
                        complète (…) j’interprète avec mon cœur autant qu’avec mon œil » confiera-t-il à son ami
                        Robaut, à la veille de sa mort.
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