Page 58 - catalogue tableaux_08-2020
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JEAN-BAPTISTE CAMILLE COROT
(PARIS, 1796 – PARIS, 1875)
Le Matin, sous les arbres
1850 – 1860
Huile sur toile signée en bas à gauche
55,5 x 42 cm.
Peint en collaboration avec Achille François Oudinot
CertificatMartin Dieterle et Claire Lebeau.Provenance
De l’artiste à Grédelue, Paris ; Eugène Leroy, Paris (1893); Bernheim-jeune, Paris ; Emile Favrot,
Paris (1895) ; Durand-Ruel, Paris, Collection privée ;
Vente 19th Century European Paintings and Sculptures, New-York, Sotheby’s, 23 mai 1997, n°13.
Sinueuses mais élancées, les frêles silhouettes de ces jeunes arbres semblent animées
d’une vie propre. Leurs troncs espacés finissent par se rejoindre dans leurs ramures
enchevêtrées. Leurs branches, fines et claires se détachent des frondaisons sombres et
dessinent une étrange calligraphie, comme autant de lignes tracées à la hâte pour ne pas
laisser filer une idée, ou une impression. Leur conversation fait écho à celle, plus discrète, à
laquelle se livrent deux personnages assis dans l’ombre, à l’arrière-plan. On ne devine qu’avec
peine leurs silhouettes – une mère et son enfant ? – qui se découpent à contre-jour, contre
un muret. Au-delà de celui-ci, l’espace s’ouvre vers un lointain bleuté, pâle et diffus, où se
distingue une montagne à l’horizon. Le peintre nous installe ici dans une ambiance intime
58 et nostalgique dont il a le secret. En séquençant les plans, Corot ménage ses effets. Isolés par
un premier plan où percent le soleil, les personnages sont relégués dans l’ombre et ainsi mis à
distance comme pour les protéger de toute indiscrétion. L’ouverture de l’arrière-plan apporte
une dimension aérienne à la composition, faisant « descendre » le ciel à travers les feuillages
jusqu’aux protagonistes. La gamme chromatique, chaude et restreinte, alterne verts sombres
et ocres jaunes sur un fond aérien gris-vert. On sent ici la chaleur d’une journée estivale qui
s’installe. Ce Matin, sous les arbres appartient à sa dernière période où sa touche devient plus
légère, moins scrupuleuse à rendre la réalité. Le titre nous renseigne sur un moment de la
journée plutôt que sur un lieu précis et nous invite avant tout à ressentir une impression
d’ensemble … Corot, qui aime peindre de concert avec ses élèves, a réalisé cette œuvre avec
le concours de son élève Oudinot.