Page 260 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE DE VLAMINCK
(PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)
Les Chrysanthèmes
1940
Huile sur toile signée en bas à gauche
55 x 46 cm.
De ce bouquet de Chrysantèmes, rustique dans sa cruche de terre, se dégage une
vitalité qui dépasse la seule fraicheur des fleurs récemment coupées. Elles explosent de leurs
couleurs vives et tranchées comme un véritable feu d’artifice. Ici dominent le rouge et le
blanc qui viennent opposer leur clarté à la masse terreuse du pot et plus encore à celle obscure
du fond. Ne serait-ce une ombre portée qui l’ancre à son support, le bouquet semblerait en
lévitation tant le fond sur lequel il se détache explicite peu l’espace. Nulle démarcation entre
les plans qui puisse indiquer où s’arrête la table, où commence le mur du fond. On glisse
imperceptiblement de l’un à l’autre ; seul un dégradé des valeurs de gris crée une impression
d’espace. La lumière, qui semble irradier des fleurs, a pourtant une provenance autre, elle
émane de la gauche comme le trahit l’ombre portée du vase, à droite, mais aussi le reflet sur
sa panse vernissée. Ce trait blanc répète, plus qu’il ne reflète, ce plus large trait qui balafre le
côté gauche de la toile, résumant à lui seul la source lumineuse. Dans une grande économie
de moyens, que suggère le sujet même, cet empâtement de blanc est l’héritier des embrasures
de fenêtres flamandes puis hollandaises qui éclairaient latéralement natures mortes et scènes
de genre. Ici la peinture, ne craint pas de s’afficher, la touche de se manifester. Subtile dans
260 les essences de fleurs, elle se veut plus rude, par contraste, pour signifier l’espace.