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MAURICE DE VLAMINCK
                        (PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)


                        Paysage de neige

                        Vers 1940
                        Huile sur toile signée en bas à droite
                        46,5 x 91 cm.


                             C’est l’hiver. A l’orée de ce village, deux routes semblent converger pour nous inviter à
                        y pénétrer. Elles forment une base pyramidale à cette composition qui trouve son sommet au
                        fond de cette rue débouchant sur une trouée lumineuse. Guidé par les traces de roues laissées
                        dans la neige, notre regard traverse ce village pour aboutir à un ciel blanc, éblouissant, qui, à
                        lui seul, évoque l’hiver. Ce blanc, c’est avant tout la neige que l’on retrouve compacte sur les
                        toits, petits rectangles étincelants, ou, plus éparse sur le sol, sur la route et dans les jardins.
                        Mais ce blanc le dispute au brun, à la terre, et au vert, à une végétation en sommeil. De même
                        dans le ciel, la tâche étincelante du centre doit laisser vite place à des nuées ombrageuses,
                        grises et bientôt noires qui, l’enserrant, renforce ce contraste étrange d’un ciel bicolore. Tandis
                        que les maisons de ce village-rue alignent sagement leurs volumes décroissants à gauche de
                        la chaussée, petite mosaïque d’aplats bruns et blancs cernés d’un trait noir, en face, une
                        maison plus imposante nous présente son pignon, d’où l’arête blanche du toit nous renseigne
                        sur l’épaisseur de neige qui la recouvre. Au-delà, à nouveau, l’alignement des maisonnettes
                        reprend son cours. Dans ce paysage déserté, erre pourtant une silhouette humaine, au centre
                        de la rue. Petite tâche sombre émergeant de la neige, elle nous donne l’échelle des masures
        258             alentour et apporte un peu de vie dans cet univers hostile. Ici encore, c’est la touche de
                        l’artiste, épaisse et généreuse, qui structure et donne matière à ce paysage. La neige souligne
                        de sa présence axes et reliefs mais laisse transparaitre, sous-jacente, l’ossature brune du village.
                        Dans le ciel s’affronte les masses de valeurs dans un camaïeu de gris où la touche se fait plus
                        discrète, comme lavée, pour exprimer cette fois la matière éthérée.
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