Page 264 - catalogue tableaux_08-2020
P. 264
MAURICE DE VLAMINCK
(PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)
Fleurs dans un vase
1940
Huile sur toile.
Sous une apparente simplicité, ce bouquet de fleurs nous offre un manifeste de la
peinture de Vlaminck. Tout nous parle ici de sa touche, de son style, de sa palette… le fond
obscur sur lequel se détachent ces fleurs est celui de nombre de ses paysages. Inquiétant,
tourmenté il a la couleur de l’orage mais aussi les accents. Que signifie sinon cette lueur
soudaine sur la droite, comme un éclair transperçant la nuit ? La table, sur laquelle repose le
vase, reçoit, à son tour, des variations lumineuses qui ne doivent rien à l’éclairage naturel d’une
pièce. Débordant l’ombre portée du bouquet, une tâche noire envahit l’espace cherchant
à rejoindre le fond, freinée par une surface claire. Deux rais jaunes, fulgurants, signalent
les limites de la table et percent l’obscurité, comme deux touches disruptives affirmant la
granularité de la touche quand tout semblait trop lisse. Le vase, centré, au modelé légèrement
maladroit, reflète ou symbolise ce duel entre ombre et lumière. Les fleurs aux couleurs crues
qui s’y ordonnent témoignent aussi de la variété et de la vivacité de la touche du peintre, des
pétales agités des dahlias jaunes vifs aux taches pommelées des giroflées vermillon, jusqu’aux
hachures blanches quasi abstraites des fleurs qui les surplombent… Cette symphonie
pastorale, loin d’invoquer la sérénité d’un paysage champêtre nous conduit plutôt vers
l’agitation qui caractérise l’œuvre tourmenté de Vlaminck.
264