Page 256 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE DE VLAMINCK
(PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)
La Route nationale
Vers 1935
Huile sur toile 54 x 65 cm
Signée en bas à gauche
Certificat Wildenstein – Plattner
La route tient lieu ici de « personnage » principal. Asphaltée, rectiligne et parfaitement
centrée, elle fend la composition, ignorant les quelques maisons qui la bordent, et nous entraîne
dans une perspective accélérée vers le fin fond du tableau, vers une destination invisible. Cette
nationale nous parle de modernité dans cette France de l’entre deux-guerres qui se pare,
peu à peu, d’un réseau routier flambant neuf. De part et d’autres, des poteaux électriques
l’accompagnent, apportant à leur tour un courant qui irrigue le territoire. Paradoxalement,
une seule voiture la parcourt et ce n’est pas elle qui nous donne cette impression de vitesse,
mais bien plutôt la touche picturale, caractéristique de Vlaminck, qui court, vole et nous
fuit dans la bande pointillée du centre et, plus encore, dans sa retranscription sauvage sur le
bas-côté droit. Le ciel, quant à lui, balayé de nuages agités, nous évoque une mer déchainée.
Là, réside toute la dynamique de la toile, montrant le chaos d’une nature, que seul l’homme
parvient à maîtriser, à terre, par l’emprise de ses infrastructures. Ce paysage est une ode à la
modernité incarnée par l’automobile. Seule architecture expressément désignée par son titre
explicite, « AUTO », le garage se substitue désormais à l’église d’antan.
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