Page 214 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE UTRILLO
PARIS, 1883 – DAX, 1955)
Vase de fleurs
Vers 1933
Huile sur planche signée en bas à droite
41 x 33 cm.
Provenance
Vente Christie’s, New-York, 26 février 1990, lot 50 ; Vente Matsart, Jérusalem,
28 novembre 2010, lot 44.
Dans cet espace saturé de matières et de couleurs, on distingue, au centre, un bouquet
de roses. Apportant leurs taches claires et délicates dans le tumulte ambiant, ces six roses bien
écloses sont autant de percées de lumière. Le vase qui les accueille, globe bleu au reflet blanc
unique, repose bien centré sur une table orangée qui avance jusqu’au spectateur. Emanant de
la gauche, une forme blanche s’allonge et gagne le vase ; elle représente vraisemblablement
quelque nappe étirée de façon désordonnée. Eût-elle été noire que cette forme aurait
immédiatement évoqué l’ombre du bouquet. Le fond, quant à lui, semble plus abstrait. Dans
un amalgame de couleurs plus froides, le même bleu sombre que celui du vase – une fenêtre ?
– transparait derrière les fleurs. Coloriste à la touche virevoltante, Utrillo, nous livre ici une
subtile palette de couleurs qu’il superpose plus qu’il ne les mélange, par couches irrégulières
pour jouer de leurs transparences. Plus intéressé par le traitement de la matière que par le
sujet lui-même, il réalise ici une toile proche de l’abstraction.
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Maurice Utrillo (1883-1955) est un peintre de paysages urbains français. Fils de la
peintre Suzanne Valadon, il est encouragé par sa mère à développer son art. Formé chez le
peintre Alphonse Quizet, il s’installe à Montmartre qu’il choisit comme sujet même de sa
peinture. Il en peint les rues et les cafés où se glissent parfois de rares silhouettes humaines.
Son style bien que naïf rend néanmoins avec précision la topographie des lieux. Son sens aigu
de l’observation crée une atmosphère empreinte d’un certain réalisme, teinté de mélancolie.
Durant sa « période blanche » (1909-14), il utilise le zinc qu’il mélange au plâtre pour
traduire la décrépitude des murs de Montmartre. Peintre prolifique, il commence à vivre de
sa peinture, parrainé par les amis de sa mère, Renoir ou Degas, et gagne en notoriété grâce au
marchand d’art Paul Guillaume, qui organise sa première grande exposition en 1922.