Page 212 - catalogue tableaux_08-2020
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HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC
(ALBI, 1864 – SAINT-ANDRÉ-DU-BOIS, 1901)
Portrait de femme
Vers 1895
Dessin au fusain signé en bas à gauche et dédicacé à Pierrot (Pierre Camanca tenancier
du restaurant « le Pierrot de la butte », à Montmartre).
62 x 48 cm.
Certificat Galerie Brame & Lorenceau
Cette femme qui nous sourit en nous fixant droit dans les yeux nous apostrophe. Loin
de ces effigies distantes aux visages de trois quarts et le regard perdu, ce portrait nous est
tout de suite sympathique grâce à l’expression avenante du modèle qui trahit une relation
de complicité avec son auteur ou du moins une relation de confiance qu’il a su instaurer.
A la position frontale qui permet ce tête à tête s’ajoute aussi la technique du fusain qui sait
capter la singularité de ce visage. Le trait, précis quand il s’agit de cerner les détails de la
physionomie, devient plus libre pour détacher la figure du fond par des hachures plus ou
moins denses. Le rendu de la chevelure est particulièrement soigné. Le trait en suggère à la
fois la masse, peignée, et les cheveux effrangés sur le front. La tête de la femme, au centre
d’une composition centrifuge, reçoit un traitement particulier. Usant avec parcimonie de
l’estompe, Lautrec élabore le modelé des chairs en jouant sur la réserve du fond pour ne pas
saturer ses volumes. Le reste de la composition est plus graphique, plis de la robe et hachures
du fond viennent s’achever dans la feuille blanche.
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Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) est un peintre « postimpressionniste »
français, illustrateur et lithographe. Il s’installe en 1882 à Montmartre où il fréquente la
bohème parisienne, dessinant dans les cafés et les maisons closes. Sans nécessité de répondre
à des commandes, il choisit ces sujets, aimant portraiturer les femmes aux mœurs légères.
Son modèle le plus célèbre est certainement La Goulue, danseuse du Moulin Rouge qu’il
représenta à maintes reprises. Travaillant beaucoup aves des techniques sèches, pastel ou
fusain, Lautrec a su rendre la dimension psychologique de ses modèles comme dans ce
Portrait de femme où il cherche à saisir un visage avec bienveillance sans jamais juger. A son
activité de peintre, s’ajoute celle de lithographe qui l’amena à réaliser de nombreuses affiches
des lieux de plaisir de la Belle Epoque.