Page 196 - catalogue tableaux_08-2020
P. 196
HUBERT ROBERT
(PARIS, 1733 – PARIS, 1808)
Le Parc à Ermenonville
Vers 1780
Huile sur toile signée en bas à droite 91 x 71 cm.
Certificat René Millet Expertise.
Le sujet du tableau n’est pas tant ici le parc que les ruines qu’il contient. Monumental,
un sarcophage de pierre est érigé sur un piédestal au pied duquel gisent des fragments de
reliefs, le tambour d’une colonne et même une tête sculptée. Les personnages à proximité
nous donnent l’échelle de ces ruines. Une fillette, de la taille de la figure en bas-relief qu’elle
désigne, en semble le double vivant. Elle montre ce décor à deux femmes qui tentent de la
dissuader de s’en approcher. A leurs côtés, un bambin cherche à échapper aux jappements du
chien qui les accompagne. Enfin, parmi les ruines, un jeune homme allongé observe la scène.
On est ici en visite sur cette île au milieu du parc. On aperçoit l’étang qui l’entoure puis,
en arrière-plan, une prairie arborée qui s’étend jusqu’à des collines diaphanes à l’horizon. La
palette colorée est claire, minérale, avec une dominante de beiges pour les ruines mais aussi
dans le terre-plein du premier plan. L’arbre sur lequel se détache le tombeau est d’un ocre
soutenu, unique dans sa couleur comme pour souligner le caractère exceptionnel du tombeau
auprès duquel il a poussé. Car c’est ici le tombeau de Jean-Jacques Rousseau, disparu deux
ans plus tôt, dont il s’agit, dessiné par Hubert Robert, dans un style à l’antique. Le peintre se
livre donc ici à une mise en abyme de son œuvre, peignant le parc d’Ermenonville dont il a
196
dessiné le tracé et le cénotaphe du philosophe qu’il a conçu.
Hubert Robert (1733-1808) est un peintre paysagiste français. Destiné à une carrière
ecclésiastique, il développe de tels talents pour le dessin qu’il obtient d’étudier auprès de
Slodtz. En 1754, il part pour Rome accompagnant l’ambassadeur de France où il reste onze
ans. C’est alors la découverte de l’Antiquité, des ruines de Rome et de Pompéi. Il rencontre
Piranèse dont les peintures d’architectures imaginaires l’impressionnent et Pannini qui
invente le genre des caprices architecturaux, regroupant des monuments sur une même toile,
dont Robert s’inspirera. De retour à Paris, il est reçu à l’Académie en 1766 avec un tableau
de ruines. Peintre apprécié du roi pour lequel il exécute Les Principaux Monuments de France
mettant en valeur le patrimoine antique français, il reçoit différentes charges dont celles de
dessinateur des jardins du roi et de garde des tableaux du Roi. Il participe à la commission du
futur Museum élaborant des projets pour son installation dans la grande galerie du Louvre. Il
collabore à la création du parc d’Ermenonville, premier jardin anglais en France, et à ce titre,
Le Parc à Ermenonville en constitue un précieux témoignage. On retrouve dans La Fontaine,
au Louvre, une composition similaire, bien que plus dépouillée, avec cet arbre incliné au
premier plan.