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PIERRE-AUGUSTE RENOIR
                        (LIMOGES, 1841 – CAGNES-SUR-MER, 1919)


                        Portrait de Gabrielle

                        1905
                        Huile sur toile signée en bas à gauche
                        43 x 50 cm

                        Bibliographie
                        Bernheim-Jeune, L’Atelier de Renoir, 1931, t. I, Pl.77, n°247 (partie supérieure)
                        Guy-Patrice et Michel Dauberville, Renoir : catalogue raisonné des tableaux,
                        pastels, dessins et aquarelles (1903-1910), Paris : Bernheim jeune, 2012, n° 3305.


                             Ce portrait d’une jeune femme à mi-corps allie mélancolie, du regard, et dynamisme,
                        de la pose. Le format, inhabituel pour ce type de représentation s’étale en longueur pour
                        laisser place au paysage de l’arrière-plan. Si la partie gauche est occupée par un mur, à droite,
                        l’embrasure d’une fenêtre, à laquelle est accoudée le modèle, laisse entrevoir un rideau d’arbres
                        après un plan d’eau ou d’herbe. La jeune femme s’inscrit dans ce paysage de multiples façons
                        : dans la gestuelle de ses bras allongés, dans la palette de couleurs chaudes de sa carnation, de
                        sa chevelure et de sa robe, enfin dans la touche même qui rallie les motifs de son vêtement aux
                        frondaisons, en haut à droite. Cette touche impressionniste donne cette forte homogénéité
                        à la composition, suggérant un décor plus que le décrivant, exprimant un état d’âme plus
                        qu’une identité réelle. Il s’agit ici pourtant du modèle favori de Renoir, Gabrielle Renard
                        (1874-1959), surnommée « Ga » par les trois fils du peintre dont elle était la gouvernante.
        192             Agée alors de 29 ans dans ce portrait, elle fut la muse de Renoir et posa pour près de 200
                        peintures durant les plus de quarante ans passée aux côtés du maitre. Ils constituent véritable
                        chronique de l’intimité familiale du peintre mais aussi de son œuvre dont elle accompagne
                        l’évolution au quotidien. Ce prénom de Gabrielle est donc étroitement associé au modèle
                        féminin de Renoir au point d’en devenir la référence absolue.
                             Auguste Renoir (1841-1919) est un peintre français qui connait une longue carrière
                        aux orientations changeantes. Formé à l’école des Beaux-arts dans l’atelier de Charles Gleyre,
                        il y rencontre Monet et Sisley avec lesquels il entame sa période impressionniste s’intéressant
                        aux effets de lumière. Sa peinture toujours figurative privilégie néanmoins les personnages
                        aux paysages, dans des scènes populaires comme Le Bal du Moulin de la Galette, aujourd’hui
                        au Musée d’Orsay. Cependant, son admiration pour Ingres et ses nus épurés lui font
                        délaisser les Impressionnistes pour l’orienter vers une peinture plus classique, aux contours
                        plus affirmés comme ses Grandes baigneuses du Philadelphia Museum. Après ce changement
                        radical, mal reçu par la critique, il trouve enfin le style dans lequel il réalise ses plus grands
                        chefs-d’œuvre. Les années 1890-1910, période à laquelle appartient ce tableau, sont celles
                        de la maturité mais aussi du succès. Vendu chez Vollard et Durand-Ruel, il expose jusqu’aux
                        Etats-Unis. C’est aussi l’époque où il découvre le sud de la France et sa lumière ensoleillée ;
                        il s’installe aux Collettes, à Cagnes- sur-Mer. Ce Portrait de Gabrielle, accoudée à une fenêtre
                        est caractéristique de cette dernière période et nous offre une magnifique synthèse de son
                        art où l’on retrouve sa touche et sa palette si caractéristiques. Il nous restitue aussi la douce
                        atmosphère dans laquelle il évolue, reprenant inlassablement son modèle favori prétexte à des
                        recherches picturales constantes.
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