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JEAN-BAPTISTE PATER
                     (VALENCIENNES, 1695 – PARIS, 1736)


                           Jean-Baptiste Pater (1695-1736) est un peintre rococo français. Formé auprès d’Antoine
                     Watteau, il restera toute sa carrière sous son influence, tant pour le style que pour le choix de
                     ses sujets. En 1725, il est en effet reçu à l’Académie comme peintre de fêtes galantes, genre
                     spécialement conçu pour son maitre, après la mort duquel il terminera d’ailleurs certaines
                     commandes. C’est à cette période que sont réalisés ces pendants, Le Concert champêtre et La
                     Cueillette des roses. L’influence de Watteau est manifeste dans la composition, où ces couples
                     semblent tout juste échappés de son Pèlerinage à l’ile de Cythère, conservé au Louvre : la
                     même scansion du mouvement, comme autant d’instants découpés d’une même histoire.
                     Pater développe néanmoins sa propre palette de couleurs, plus soutenue. Aux roses perlés et
                     gris argentés s’ajoutent des teintes bleues et vertes presque acidulées. Les teintes du paysage
                     sont aussi plus pastel, moins irisées que chez son ainé. La scène fait enfin clairement référence
                     au théâtre italien alors très en vogue chez les peintres.

                           Le Grand siècle et sa peinture sérieuse a fait place à des thèmes plus libertins avec la
                     Régence. La société, libérée du carcan de la cour, s’adonne à des jeux dont les peintres nous
                     font l’écho au point de créer ce nouveau genre des « fêtes galantes », adaptant la scène de genre
                     aux mœurs licencieuses de l’aristocratie. Cet art de la galanterie qui se répand dans l’Europe
                     du siècle des Lumières, trouve en Pater un brillant émissaire dont l’un des principaux clients
                     est l’empereur Frédéric II de Prusse. Il décline à l’envi dans son œuvre, des couples occupés
                     à se séduire offrant ainsi un miroir à la société qui les lui commande. La femme courtisée y
                     occupe toujours le centre autour duquel gravitent les soupirants. Pater, toujours libertin mais
                     jamais lubrique nous offre un hymne au jeu atemporel de la séduction.
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