Page 170 - catalogue tableaux_08-2020
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JEAN-MARC NATTIER
(PARIS, 1685 – PARIS, 1767)
Portrait de Marie-Anne de Châteauneuf,
dite Mademoiselle Duclos (1670-1748)
Huile sur toile 35 x 25 cm.
Ancienne étiquette en papier apposée au revers :
En buste, vue de face, corsage blanc décolleté, / retenu sur les épaules par des rubans roses,
les / cheveux relevés et poudrés, ornés d'une plume, et / d'un ruban. / Toile de forme ovale. Haut., 35
cent.; larg., 25 cent. / Exposition universelle de 1878. / Ventes Daru, Alexandre Dumas, Mühlbacher.
Provenance
Ventes Daru, Alexandre Dumas, Mühlbacher (mentionnées au verso)
Miami, Floride, (USA), Antique show, February 2, 1996
Collection privée, Chicago, Illinois (USA)
Publications
Jouin, M. Henry. Exposition Universelle de 1878, à Paris. Notice Historique et Analytique des
Peintures, Sculptures, Tapisseries, Miniatures, Émaux, Dessins, etc. exposés dans les Galeries
Des Portraits Nationaux au Palais du Trocadéro (Paris, 1879), p. 150.
Mühlbacher, Gustave. Catalogue des Tableaux Dessins, Aquarelles, Gouaches, Miniatures et
Marbres du XVIII Siècle composant la collection de Mr. Gve. Mühlbacher (Paris, 1899), p. 35.
Expositions
Exposition Universelle, Paris, 1878 (étiquette au verso)
170 Voici le portrait bien sage de celle qui fut pourtant une tragédienne de renom au début du
XVIIIe s., Mademoiselle Duclos. Cette représentation « à la ville » nous montre le visage d’une
femme de caractère au regard direct et à la bouche légèrement rieuse. Il fait écho à son portrait « à
la scène », donc en costume et en action, réalisé par Nicolas de Largillière en 1712 et actuellement
conservé au Musée Condé de Chantilly. Un troisième portrait de l’actrice, peint par Alexis Grimou
en 1700 et conservé au musée Carnavalet, atteste de sa notoriété. Entrée en 1693 à la Comédie-
Française, dont elle devient sociétaire en 1696, Marie-Anne de Châteauneuf se fait un nom,
sous le pseudonyme de Mademoiselle Duclos, et une carrière, avec les premiers rôles de Athalie,
Zénobie ou Marianne, dans les pièces de Crébillon, Racine ou Voltaire. Très célèbre en son temps,
appréciée pour son port majestueux dans les rôles de reine, son style déclamatoire et chanté
passe cependant de mode vers 1730 laissant place aux accents plus naturels et pathétiques d’une
Adrienne Lecouvreur. Ici c’est une femme encore jeune et coquette que portraiture Nattier avec la
délicatesse de tons qui le caractérise. Les couleurs savamment disposées se répondent et s’allient :
le rose du ruban de tête fait écho aux garnitures du corsage mais aussi aux joues empourprées ;
les reflets gris poudré des cheveux se retrouvent dans les dentelles de la chemise. Seule allusion
au panache de l’artiste, cette plume qui domine sa coiffure et lui apporte une certaine prestance.
Jean-Marc Nattier (1685-1767) est un portraitiste français majeur du siècle des Lumières.
Fils d’une mère miniaturiste et d’un père portraitiste, il remporte, à seulement quinze ans, le
premier prix de dessin de l’Académie dont il devient membre agréé en 1713. Après un séjour en
Russie, où il réalise le portrait de l’impératrice Catherine II, il revient à Paris où il se consacre à
une carrière de portraitiste renommé, époque à laquelle appartient ce Portrait de Mademoiselle
Duclos. C’est notamment pour le rendu de la qualité des matières, dans lequel il est passé maître,
qu’il devient le peintre officiel de la cour. Ainsi en 1748, il devient le portraitiste officiel de la
famille d’Orléans puis de la famille royale. De Louis XV, il peindra les enfants et l’épouse, la reine
Marie Leszczynska, et même la maitresse, la marquise de Pompadour.