Page 172 - catalogue tableaux_08-2020
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JEAN-BAPTISTE OUDRY
(PARIS, 1686 – BEAUVAIS, 1755)
Nature morte aux fruits et au gibier
1740
Huile sur toile, signée et datée en bas à droite « Oudry 1740 » 113 x 88 cm.
Publication
Jean-Baptiste Oudry, Hal N. Opperman, 1972, Vol. I, p. 565, n° 539
Provenance
Heim Gallery, Londres ; Vente, Paris, palais Galliera, 23 mars 1962 ;
Collection Wrightsman, New-York.
Poils et plumes confondus… Dans un étrange mais gracieux jumelage, un lapin et
une perdrix, sont suspendus à un même clou. Trophées d’une même chasse, ils semblent
figés chacun dans un ultime mouvement, le saut pour l’un, le vol pour l’autre. Figurés au
centre de la composition et bénéficiant d’un double encadrement, peint et réel, ils sont les
protagonistes principaux de cette nature « morte » et, à ce titre, dominent les fruits et la
bouilloire disposés en-dessous. Subtilement ordonnancée, la composition s’équilibre entre
ces trois volumes répartis dans une niche rectangulaire mais concave. La pierre blonde, aux
reflets verdâtres sur laquelle ils se détachent, met en valeur les tonalités chaudes de ce gibier
et le rendu des matières, fourrure du lapin et plumage du volatile aux couleurs subtiles. En
contrebas, les formes rondes et mates des agrumes ainsi que la rotondité aux reflets brillants
172 de la bouilloire opposent leurs formes géométriques à celles organiques des animaux. Tout
n’est ici que recherche d’une matérialité sensuelle et proche du trompe-l’œil. Les reflets dans
le cuivre, les anfractuosités dans la pierre, l’écorce grumeleuse des fruits, les touffes de poils
et le duveteux des plumes sont autant de détails représentés pour le plaisir des yeux.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) est un peintre animalier français. Il commence
un premier apprentissage dans l’atelier de Michel Serre, peintre marseillais installé quelque
temps à Paris, puis devient l’élève de Nicolas de Largillière (1656-1746). Devenu peintre
d’histoire et portraitiste, il est nommé professeur à l’Académie Royale de Peinture à la mort
de François Desportes en 1743, puis peintre ordinaire de la vénerie royale. Oudry devient
alors le portraitiste des animaux exotiques de la Ménagerie de Versailles et surtout des chiens
et partant, des chasses. Ses contemporains apprécient sa manière de reporter les sentiments
humains sur les animaux qu’il peint sur le vif. En 1728, ayant des chevaux à sa disposition, il
a l’ordre de se trouver dans la suite du roi lorsqu’il court le cerf afin de dessiner d’après nature
les événements de la chasse et de préparer de grandes peintures pour les résidences royales.
A partir de 1733, la commande de la tenture des Chasses Royales occupe l’artiste pour de
longues années. Oudry joue un rôle important en tant que peintre officiel de la manufacture
des tapisseries de Beauvais dont il assume, dès 1734 et jusqu’à sa mort, la direction artistique
; en 1736, il devient inspecteur aux Gobelins. Ses œuvres de grand format servent
alors de modèles pour des tapisseries que les manufactures royales tissèrent d’après
ses cartons.