Page 144 - catalogue tableaux_08-2020
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ANTOINE LE NAIN
(LAON, VERS 1588 – PARIS, 1648)
Trois femmes avec trois enfants
Vers 1640
Huile sur panneau
29,5 x 36,5 cm.
Certificat René Millet Expertise.
Trois femmes posent en compagnie de trois fillettes ou du moins de trois enfants vêtus
de robes, comme les portaient alors indifféremment garçons et filles jusque vers l’âge de six
ans. Ces trois enfants sont ici les personnages principaux de la scène bien que relégués sur la
droite. Elégamment habillés de robes de belle étoffe portées sur une chemise blanche dont
les revers dépassent des manches, on dirait de petits adultes en réduction ; le premier enfant
arbore même un plastron festonné. Figés dans leur trois poses similaires, bras le long du
corps, ils nous fixent prêts à faire la révérence. En comparaison les trois adultes sur la gauche
sont plus ternes, probablement les domestiques de ces enfants, nourrice et gouvernante.
Deux des femmes sont assises, une troisième évolue dans l’ombre à l’arrière. On ne devine
rien de cette pièce dont le fond sombre nous ramène au premier plan. A la blancheur de la
nappe où sont disposés un plat et un pain. Si la gamme de couleurs est assez restreinte avec
une dominante de bruns et de gris, le blanc y joue un rôle particulier, soulignant la présence
de chaque personnage avec plus ou moins d’intensité, selon leur importance sociale. Mais
c’est bien le rouge qui nous indique ici les personnages dont on souhaite fixer le portrait, ces
144 trois enfants d’une riche famille bourgeoise du XVIIe s.
Antoine Le Nain (1588 – 1648) est un peintre français réputé pour ses peintures
de genre dites réalistes. Elevé dans un milieu rural auquel il resta toujours attaché, Antoine
est l’ainé de deux frères, Louis et Mathieu, avec lesquels il peindra toute sa carrière. En
1629, les trois frères ouvrent un atelier parisien et connaissent les faveurs du public grâce
aux scènes de genre dans lesquelles ils se spécialisent. Si la peinture du quotidien est alors
en vogue en Europe, le style des Le Nain se différencie du caravagisme ambiant, par une
simplicité des mises en scène et une palette colorée sobre, valorisant des camaïeux de gris-
bruns comme dans Trois Femmes avec trois enfants. Ils s’attachent à rendre l’intime, la chaleur
d’un foyer, privilégiant l’expression des visages à la proportion des personnages, rendus
parfois maladroitement. Cette œuvre attribuée à la seule main d’Antoine est plutôt rare,
probablement parce qu’il s’agit de la commande particulière d’un portrait de groupes.