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FERNAND LÉGER
                        (ARGENTAN, 1881 – GIF-SUR-YVETTE, 1955)


                        Nature morte aux cordages

                        1938
                        Huile sur papier marouflé sur carton, signé et daté en bas à droite « 38 F. LÉGER »
                        54 x 64,5 cm

                        Provenance
                        Vente Artcurial, Paris, 20 octobre 2007, lot n° 00036, Art Moderne I


                             Il est ici question de marine. Mais d’une façon synthétique voire symbolique. La
                        mer se résume, en effet, à une masse bleue qui sert de fond à la composition. Cernée de
                        noir, cette forme organique évoque celle de l’eau, telle une immense goutte sur laquelle se
                        détache d’autres formes similaires, rouge, verte ou noire. Occupant le centre, la cime d’un
                        mât dessine sa silhouette cruciforme. La lumière, blanche, sculpte son volume tubulaire rose
                        offrant un contraste avec les taches planes de l’arrière-plan. Un cordage s’enroule autour de
                        ce mât, traçant une ligne serpentine dynamique. Son graphisme simple, une juxtaposition de
                        petites sphères blanches cernées d’un contour noir, est d’emblée signifiant. Moins discernable
                        est, en revanche, la forme à gauche du mât, dont le volume, percé dans sa partie supérieure,
                        s’apparente à quelque écrou ou pièce de métal renvoyant au monde des machines. On
                        reconnait ici le gout du contraste auquel aime à s’adonner Fernand Léger dans sa peinture :
                        contrastes des formes, des objets mais aussi entre les figures et les formes abstraites. C’est sa
                        façon de traiter de la modernité. On peut ainsi déceler dans cette toile, la tension entre deux
        142             types de navigation, à voile en cours de disparition, et à vapeur, en pleine expansion.

                             Fernand Léger (1881-1955) est un peintre français appartenant à l’avant-garde
                        artistique du début du XXe s. Installé à Paris en 1900, dans un atelier à Montparnasse puis
                        à la Ruche, il se forme à l’École des Arts décoratifs et à l’Académie Julian. Il se lie alors
                        d’amitié avec Robert Delaunay, Marc Chagall, Blaise Cendrars. Séduit par le Cubisme, dès
                        1910, il rejoint Albert Gleizes, Jean Metzinger et les frères Duchamp. Sa rencontre avec
                        le marchand Daniel-Henry Kahnweiler, lui permet de participer à des expositions à Paris,
                        Moscou et même New York, à l’Armory Show en 1913. C’est la période de ses « Contrastes
                        de formes » qui l’imposent dans l’avant-garde artistique. Célébrant la « modernité », il est le
                        peintre de la machine et de la vie urbaine. Après une guerre traumatisante, il signe, en 1917,
                        un contrat avec le galeriste Léonce Rosenberg et entreprend de grandes peintures sur le
                        thème de la modernité. Il collabore aux décors et costumes des Ballets suédois pour Rolf de
                        Maré, et aux décors de films : L’Inhumaine (Marcel L’Herbier), ou Ballet mécanique Dudley
                        Murphy). En 1933, il participe au Congrès international des architectes modernes (CIAM)
                        avec Le Corbusier. Très engagé politiquement durant le Front populaire, il veut concilier
                        l’avant-garde et l’art populaire avec des conférences et de grandes peintures murales. Cette
                        peinture date de cette période et témoigne de son culte à la machine et à la modernité.
                        Durant la guerre, il s’installe à New-York, ville de la modernité. De retour en France en 46,
                        il se consacre à des travaux monumentaux, comme les vitraux de l’Église d’Audincourt, dans
                        le Doubs. Le Musée Fernand Léger à Biot est inauguré par ses héritiers en 1960.
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