Page 138 - catalogue tableaux_08-2020
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MARIE LAURENCIN
(PARIS, 1883 – PARIS, 1956)
Trois jeunes filles
1939
Huile sur toile signée et datée en haut à droite « Marie Laurencin 1939 »
50 x 61,3 cm.
Ces trois jeunes filles, assises à même le sol, flottent dans un espace indéterminé,
aérien, évanescent… Seules les couleurs qui les environnent, claires et vaporeuses en haut,
plus sombres et denses vers le bas, suggèrent un paysage de plein air où s’ancreraient ces
personnages. Dessinées par de légers contours, les trois silhouettes s’agencent dans une
forme pyramidale, équilibrée et harmonieuse. La jeune femme de droite, allongée, occupe
le premier plan, nous dévoilant ses jambes. Un drapé blanc cache partiellement sa nudité.
Elle tient un luth dans ses mains mais n’y joue pas. Au centre, la jeune femme dont on ne
voit que le buste, nous fait face, revêtue cette fois de rouge. Enfin, la jeune fille de gauche,
ferme cette composition par une pause courbée du buste, identique à celle de sa compagne
au luth. Son vêtement prend des tonalités bleutées. Ces trois créatures, au regard identique
et aux traits peu individualisés, semblent la déclinaison d’une même femme. Sont-ce les trois
Grâces ou les trois déesses qui attendent le jugement de Pâris, ou, plus simplement, trois
sœurs ? Marie Laurencin signe ici une ode à la féminité avec la douceur d’une touche aux
tonalités diaphanes qui évoquent un certain idéal féminin.
138 Marie Laurencin (1883-1956) est une portraitiste française, poétesse et illustratrice.
Inscrite à l’école de Sèvres pour devenir peintre sur porcelaine ainsi qu’à l’Académie Humbert,
elle se noue d’amitié avec Braque et Picabia. En 1907, elle expose pour la première fois au
Salon des Indépendants en compagnie de Picasso et Derain, flirtant ainsi avec le cubisme
dans son célèbre Groupe d’artistes, aujourd’hui au Musée de Baltimore. Sa notoriété monte
alors en France, puis en Allemagne. Exilée en Espagne pendant la première guerre mondiale,
elle fréquente le milieu Dada mais son style se montre peu perméable aux influences de ses
artistes. C’est dans l’entre-deux guerres que sa carrière de portraitiste mondaine atteint son
apogée. Son style singulier ne cherche pas tant la ressemblance du modèle qu’un masque
reconnaissable de sa palette aux aplats de couleurs froides. Ses portraits, s’ils sont des objets
à la mode, expriment aussi la recherche d’un éternel féminin. Ses clientes sont souvent ses
amies et ces Trois jeunes filles pourraient ainsi s’avérer être un triple portrait.