Page 124 - catalogue tableaux_08-2020
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EUGÈNE-ERNEST HILLEMACHER
(PARIS, 1818 – PARIS, 1887)
Balade, l’après-midi
1859
Huile sur toile signée et datée en bas à gauche « Ernest Hillemacher » 52 x 64,8 cm.
Provenance
Katherine Rudloff, St Louis, Missouri ; J.S. Earle & Son, Philadelphie.
Par une belle après-midi d’été, dans un parc ensoleillé, une joyeuse compagnie s’ébroue.
En avant, deux jeunes garçons courent en tirant une petite charrette dans laquelle siège un
bébé, enjoué. L’un souffle dans une corne, quand l’autre agite un fouet de fortune. Sur le
côté, un autre garçonnet se tient à la charrette, agitant à son tour une spatule en bois. Enfin,
à l’arrière, une jeune femme, probablement leur mère, maintient rabattue la capote du petit
véhicule pour assurer de l’ombre au bébé. A l’arrière-plan, encore dans la pénombre d’un
sous-bois, un couple plus âgé suit à distance, vraisemblablement les grands-parents. Fermant
la composition, au premier plan, un chien jappe et se retourne à l’avant du cortège. A cette
scène idyllique, témoignant des joies de l’enfance dans une famille bourgeoise aux atours
élégants, répond une nature enchanteresse et soignée où batifolent des cygnes sur la pièce
d’eau du parc. La finesse de la touche, alliée aux couleurs claires et vives, concourent à évoquer
une atmosphère joyeuse dans un univers policé, répondant aux goûts de la bourgeoisie du
Second Empire que Hillemacher excelle à satisfaire. Plus qu’un portrait de famille, il s’agit ici
d’une scène de genre, mettant en avant les valeurs familiales d’une société élitaire.
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Eugène-Ernest Hillemacher (1818-1887) est un peintre français spécialisé dans les
portraits et la peinture d’histoire. Elève de Léon Coignet à l’école des Beaux-Arts de Paris,
il commence à exposer au Salon dès 1840 et débute ainsi une carrière prolifique avec une
production qui rencontre un grand engouement du public. Son succès vaut à ses toiles d’être
reproduites par la nouvelle technique de l’héliogravure. Son style, à la facture porcelainée,
le rattache au courant académique, où se distinguent ses confrères Bouguereau ou Cabanel.
Les sujets d’histoire, qu’il traite à la façon de scènes de genre, sont propres à ce XIXe siècle
qui cherche à renouveler les sujets tout en se rattachant à la tradition. Sa peinture rencontre
dès lors son public, issue d’une bourgeoisie industrielle triomphante, avide d’une peinture
historicisante, où les anecdotes concernant des personnages célèbres de l’histoire de France
ou de la littérature nourrissent un imaginaire collectif. Il multiplie ainsi les évènements en
marge de l’histoire officielle, imaginant les rencontres entre Louis XIV et Mignard, Philippe IV
et Vélasquez, Molière et sa servante, ou encore Boileau et son jardinier… Salué par la critique, il
est aussi célébré par l’Etat français qui le décore de la Légion d’honneur en 1865, consacrant
ainsi une carrière méritante.