Page 108 - catalogue tableaux_08-2020
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PAUL GAUGUIN
(PARIS, 1848 – ATUONA, 1903)
L’Enfant créole
1891
Huile sur toile 36 x 31 cm.
Publication
Oeuvre reproduite dans le Catalogue I, Gauguin, Georges Wildenstein, Paris, 1964.
Ce portrait en buste d’un jeune garçon nous présente un visage concentré, sérieux
voire légèrement inquiet. L’enfant âgé de six ou sept ans est montré de face. L’ovale de son
visage, cerné d’un contour sombre se détache sur un fond neutre renforçant sa présence. Sa
chevelure bonde est mêlée de mèches rousses. Ses grandes oreilles rougies contrastent avec
la finesse des yeux mi-clos et des sourcils, asymétriques. A gauche une rayure rouge descend
à l’arrière-plan. Plus qu’un motif sur le mur, il s’agit d’un procédé plastique pour rehausser
les tons rouges, faisant écho notamment au trait horizontal des lèvres du garçonnet. Son
vêtement est inachevé. Seul le col blanc aux ombres bleutées est esquissé. Le buste est laissé
en réserve comme l’arrière-plan. La touche, très légère, laisse apparente la trame de la toile.
Paul Gauguin (1848-1903) est le chef de file de l’Ecole de Pont-Aven. Arrivé tard à la
peinture après une carrière d’agent de change, Paul Gauguin est un autodidacte. Amateur de
peinture impressionniste, il décide à 34 ans de s’y consacrer totalement, guidé par Pissarro.
Après divers voyage il s’établit à Pont-Aven auprès d’Emile Bernard avec lequel il élabore une
108 peinture « cloisonnée », synthétique, aux couleurs expressives. Il se lie d’une très forte amitié
avec Van Gogh qu’il rejoint à Arles. Il puise son inspiration dans les vitraux, les estampes
japonaises et l’art indigène qu’il ira rejoindre en Polynésie en 1891. C’est de cette époque,
alors qu’il vient de s’établir à Tahiti, que date cet Enfant créole dont le style épuré, aux
volumes simples appuyés d’une ligne claire, résume parfaitement la manière de Gauguin. La
palette restreinte mais subtile de couleurs primaires, comme émergeant de la toile, apporte
une grande force expressive à ce portrait.