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HENRI FANTIN-LATOUR
                        (GRENOBLE, 1836 – BURÉ, 1904)


                        Nature morte avec raisin dans une coupe de verre
                        et panier d’herbes

                        1882
                        Huile sur toile signée et datée « Fantin 82 » en haut à gauche
                        37 x 53 cm.


                             Le velouté des matières le disputent ici à leur éclat. C’est la lumière qui modèle ces
                        éléments et leur donne leur texture. Le fond brun, neutre, s’efface pour laisser place à la
                        présence de ces fruits et à leur réceptacle. Dans une mise en scène sobre et élégante, le
                        peintre joue avec les contrastes en disposant herbes et raisins dans deux contenants que tout
                        oppose : un panier d’osier, rustique, et une coupe de cristal, précieuse. Loin de chercher à
                        évoquer une quelconque symbolique, Fantin-Latour explore plutôt le jeu des matières, leur
                        rendu esthétique mais aussi leur force poétique. Sa palette, subtile et restreinte, parcourt
                        les tonalités d’un vert tendre se déclinant jusqu’à l’ocre rouge des grains plus mûrs puis de
                        l’osier tressé. La sobriété de la composition est aussi celle de la palette qui se cantonne aux
                        deux couleurs complémentaires, le rouge et le vert, pour atteindre à l’équilibre et l’harmonie.
                        Coloriste en quête d’une restitution fidèle de la nature, Fantin-Latour signe ici un morceau
                        de poésie chromatique.

                             Henri Fantin-Latour (1836-1904) est un peintre français formé par son père,
        102             portraitiste, dont il acquiert un grand talent dans ce genre. Il poursuit ensuite son éducation
                        à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. Familier du Louvre, où il copie les grands maitres, il se
                        passionne pour la peinture vénitienne et son traitement de la lumière, notamment chez
                        Titien et  Véronèse. Il se lie d’amitié avec Edouard Manet, Berthe Morisot puis James
                        Whistler qui l’emmène en Angleterre et l’introduit auprès d’une clientèle qui s’entiche de ses
                        natures mortes et de ses fleurs. Ami du peintre réaliste Gustave Courbet mais aussi proche du
                        cercle des Impressionnistes, il garde néanmoins son style propre et oriente sa peinture vers le
                        portrait de groupes dont les plus célèbres sont conservés au Musée d’Orsay, tels L’Hommage
                        à Delacroix ou L’Atelier aux Batignolles. Retiré, à la fin de sa vie, à Buré en Normandie, il se
                        consacre presque exclusivement aux fleurs et aux fruits qu’il cueille dans son jardin et dont
                        cette nature morte est un exemple admirable par sa fraicheur et son naturel. Fantin-Latour
                        semble en effet y résumer tout son art en réalisant un véritable « portrait de fruits » où la poésie
                        transcende le réalisme de la touche.
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