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HENRI FANTIN– LATOUR
                        (GRENOBLE, 1836 – BURÉ, 1904)


                        Bouquet de dahlias

                        1874
                        Huile sur toile signée et datée en bas à gauche « Fantin 74 » 49 x 40 cm.
                        Publication
                        Oeuvre répertoriée dans le Catalogue de l’œuvre complet de Fantin-Latour,
                        Mme Fantin-Latour, 1911, n° 688, p.76.


                             Ce délicat bouquet de dahlias pompons, issus du jardin de l’artiste, pourrait rivaliser
                        par  le  soin  porté à sa  facture  avec  les  plus  beaux  bouquets  du  siècle d’or hollandais.
                        Habilement mis en valeur sur un fond neutre d’un gris chaud, il occupe le centre de la
                        toile, s’épanouissant dans un vase au long fût semblable à une colonne. D’un verre bleuté,
                        ce dernier laisse transparaitre les tiges, longues et rectilignes, fins pilotis qui soutiennent
                        la masse végétale. La composition du bouquet, à la fois rayonnante et ramassée sur elle –
                        même, oriente les fleurs dans toutes les directions comme autant de têtes aux aguets. Leurs
                        couleurs tantôt vives – rouges et violettes – , tantôt tendres – rose-orangées et ivoire – se
                        répartissent harmonieusement, laissant échapper ici quelques boutons, là quelques feuilles
                        d’un vert pastel. La simplicité prend ici des accents de noblesse. L’aspect négligé est en réalité
                        harmonieusement orchestré. Chaque pétale, chaque feuille est traitée avec minutie pour
                        rendre la singularité de sa forme, les nuances délicates de ses tons. Bien que dégagé de toute
                        intention iconographique prônant la vanité des choses, ce bouquet dont la variété n’arriva en
        100             Europe qu’au début du XIXe siècle, n’est pas sans évoquer la grande tradition de la nature
                        morte où chaque fleur est porteuse d’un symbole.

                             Henri Fantin-Latour (1836-1904) est un peintre français formé par son père,
                        portraitiste, dont il acquiert un grand talent pour ce genre. Il poursuit ensuite son éducation
                        à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. Familier du Louvre, où il copie les grands maitres, il se
                        passionne pour la peinture vénitienne et son traitement de la lumière, notamment chez
                        Titien et  Véronèse. Il se lie d’amitié avec Edouard Manet, Berthe Morisot puis James
                        Whistler qui l’emmène en Angleterre et l’introduit auprès d’une clientèle qui s’entiche de ses
                        natures mortes et de ses fleurs. Ami du peintre réaliste Gustave Courbet mais aussi proche du
                        cercle des Impressionnistes, il garde néanmoins son style propre et oriente sa peinture vers le
                        portrait de groupes dont les plus célèbres sont conservés au Musée d’Orsay, tels L’Hommage
                        à Delacroix ou L’Atelier aux Batignolles. Retiré à Buré, en Normandie, à la fin de sa vie, il
                        se consacre presque exclusivement à ses bouquets de fleurs qu’il cueille dans son jardin et
                        dont celui-ci est un exemple admirable par sa fraicheur et son naturel. Fantin-Latour semble
                        en effet y résumer tout son art en réalisant un véritable « portrait de fleurs » où la poésie
                        transcende le réalisme de la touche.
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