Page 26 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
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JEAN-BAPTISTE COROT
Le fermier de Pithiviers
vers 1840
Huile sur toile signée en bas à droite.
35 x 46 cm.
Certifcat de la galerie Brame & Lorenceau.
Cette uvre est reproduite dans le catalogue raisonné et illustré dAlfred Robaut.
Au centre dune plaine plutôt aride, un cavalier à larrêt, nous tourne le dos.
Devant lui, séloigne une charrette de foin précédée de deux autres cavaliers. Au loin, la
ligne dhorizon dessine une frontière bleutée entre la terre et le ciel auquel elle cède les
deux tiers de la composition. Un ciel blanc, dont les nuages gris sépaississent en gagnant
de la hauteur. Enfn, plus haut à droite, deux moulins surplombent une masse rocheuse
dun blanc crayeux. Cest donc ce fermier à cheval, campé au premier plan, ancré au sol
par la seule ombre du tableau et paré des seules couleurs vives, qui nous fait rentrer dans
luvre. Son orientation de biais, soulignée par le sillon du chemin, indique à notre
regard la voie à suivre, dabord vers la charrette où deux autres cavaliers nous ramènent
vers la droite, puis jusquau fond, là où la ligne dhorizon se fait plus sombre et où lon
distingue un clocher, Pithiviers ? A droite, les moulins se font discrets presque ensevelis
dans les cieux. Ce paysage aux accents désertiques, nest pas sans nous faire penser à
certains paysages orientalistes, comme ceux de Fromentin, que Corot aurait pu admirer
au Salon.
Jean-Baptiste Corot est (1796-1875) est un peintre paysagiste majeur du XIXe s.
dont la longévité nous a laissé de nombreuses uvres. Initialement destiné au commerce,
il intègre à 26 ans latelier du peintre Michallon qui lui apprend les principes du paysage
néoclassique et lencourage à sinstaller en plein air. De ses nombreux voyages en Italie, il
rapporte des vues de Florence, Rome ou Tivoli, puis il parcourt la France à la recherche
de paysages variés, sintéressant aussi à larchitecture comme dans sa célèbre Cathédrale
de Chartres, aujourdhui au Louvre. Dilettante, il ne songe pas à exposer avant le Salon
de 1835 où il rencontre un accueil favorable. Il séduit et déroute tout à la fois ses
contemporains par ses thèmes classiques au traitement réaliste. Le Fermier de Pithiviers
appartient à cette première époque à la palette claire et aux touches franches. A partir
de 1850, il délaisse lexactitude du « motif » pour remodeler ses paysages daprès son
imagination sorientant vers une peinture du « souvenir » des nombreux lieux parcourus.
Gouvieux, près de Chantilly est caractéristique de cette période où sa touche devient
plus légère, moins scrupuleuse à rendre la réalité. Riche et comblé dhonneurs, il se retire
en 1874 à Coubron où il peint encore de nombreuses vues des forêts alentour comme
ici, témoignage émouvant de sa créativité toujours vive.
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