Page 28 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
P. 28
GUSTAVE COURBET
Le Doubs à la Maison Monsieur
1875
Huile sur toile signée au dos.
50 x 61 cm.
Cette uvre est reproduite dans le livre Gustave Courbet, Peintre de lart vivant
de Robert Fernier aux éditions de la Bibliothèque des Arts de Paris.
Au fond dune vallée, une grande bâtisse, presque écrasée par les hauteurs abruptes
qui lentourent, occupe le centre de ce paysage montagneux. Elle borde un petit lac où
se refète, plus ténue, sa façade blanche. De lautre côté du lac, au premier plan, une
barque est accostée à une rive herbeuse et ensoleillée par laquelle notre regard entre dans
le tableau. La composition, parfaitement équilibrée, sorganise à partir de cet axe que
tracent la barque, la maison et son refet, seuls témoins dune présence humaine dans
ce paysage presque sauvage. Les versants des deux montagnes descendent vers la bâtisse
comme les lignes de fuite convergeraient vers un point central. Aux cimes crénelées des
sapins, à droite, correspondent les arêtes dentelées de la falaise, à gauche. A larrière, au
centre, pointe une troisième montagne, bleutée, qui ferme lhorizon. Cet espace sombre
et clos souvre vers nous. Les couleurs sont saturées, à la minéralité des gris du fanc de
la montagne, où afeure la roche, répondent les verts de la végétation. Sombres, virant
au brun, pour les conifères, plus vif pour lherbe du premier plan. Létendue deau ofre
une synthèse de cette gamme par son miroir grisé aux refets verdâtres.
Gustave Courbet (1819-1877) est le chef de fle du courant réaliste. Fils
dagriculteur, il est très proche de la nature. A Paris, il débute à 20 ans son apprentissage
de la peinture dans latelier de Charles de Steuben et fréquente régulièrement le
Louvre où il admire la peinture hollandaise et espagnole du XVIIe s., mais copie aussi
Géricault. Il prend alors un atelier et se lie damitié avec les artistes Bohème, notamment
Baudelaire. Après un voyage en Hollande où il découvre Rembrandt et Hals, il retourne
chez lui à Ornans pour opérer un changement radical dans sa peinture quil qualife lui-
même de « réaliste ». Son chef-duvre, Un Enterrement à Ornans, aujourdhui au musée
dOrsay, fera scandale au Salon de 1851, considéré comme trop réaliste voire socialiste.
Désormais sa peinture choque, ses nus féminins, trop sensuels, sont jugés dégradants. Il
nabandonne pas cependant le paysage, parcourant le Languedoc, la Normandie et les
Charentes où il peint et expose même avec Corot. Membre actif de la Commune de Paris
en 1871, il est condamné à fnancer la reconstruction de la colonne Vendôme. Ruiné, il
sexile alors pour la Suisse où il reprend une activité prolifque et connait une notoriété
internationale. Il doit alors sentourer de collaborateurs pour répondre aux demandes. Le
Doubs à la Maison Monsieur témoigne de cette dernière période de sa carrière.
28