Page 30 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
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JACQUES-LOUIS DAVID


Le Bélisaire


vers 1780

Huile sur toile.
43 x 55 cm.
Exposition David, Musée Jaquemart - André, Paris 2005



Dans un cadrage resserré, un vieillard la tête penchée, soumis, tend le bras gauche
pour demander laumône. De son autre main, il prend appui sur une lance dont le
sommet sort du cadre. Juste derrière lui, un enfant, le regard apeuré, laide à lever son
bras. Les personnages sont représentés en buste. La scène est le détail dun tableau plus
grand qui nous conte lhistoire entière, celle, inique, du général byzantin Bélisaire, rendu
aveugle et réduit à la mendicité par la jalousie de lempereur Justinien. Cette peinture
dhistoire au grand format, peint par Jacques-Louis David en 1780, est aujourdhui au
Palais des Beaux-Arts de Lille. Une copie par son auteur est au Louvre. On reconnait ici
la facture lisse et précise de David. La puissance de son dessin aux contours nets, le clair-
obscur subtil qui sert laction en éclairant les détails signifants : le front dégarni, courbé
dans un mouvement dhumilité, le bras encore musclé et la main suppliante. La lumière
hiérarchise aussi en laissant lenfant, secondaire, dans une semi pénombre. Le fond uni
aux tons bruns nous renvoie aux personnages. Linfuence de Caravage est ici patente.

Jacques-Louis David (1748-1825) est le chef de fle de lécole néoclassique. Formé
dans latelier de Vien, David obtient en 1774 le premier prix de Rome où il part sinstaller
pour six ans, multipliant les voyages à travers lItalie. Il se familiarise avec lAntiquité
dessinant les ruines romaines jusquà Pompéi. Mais il découvre aussi Caravage dont il
admire les clairs obscurs et Poussin chez qui il apprécie la rigueur de la composition et la
clarté de la narration. Cest à son retour de Rome quil réalise son Bélisaire, chef-duvre
unanimement admiré, qui est son morceau dagrément à lAcadémie royale de peinture
et de sculpture. Peintre engagé et bientôt révolutionnaire, David fait de sa peinture un
manifeste politique. A la rigueur de ses compositions correspond un discours moral.
Lapologie de la vertu romaine, virile et incorruptible, lui fait choisir des thèmes toujours
plus édifants comme Le Serment des Horaces ou le Brutus, aujourdhui au Louvre. Après
la Révolution, durant laquelle il occupa dimportantes fonctions, il prend la cause de
Bonaparte dont il devient le peintre ofciel, une fois celui-ci empereur. Il peint alors son
chef-duvre, Le Sacre de Napoléon. Artiste rebelle et indépendant, il sexile à Bruxelles
à la fn de lEmpire où il continue une carrière de portraitiste








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