Page 22 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
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JEAN-BAPTISTE COROT


Gouvieux, près de Chantilly, la route


1850 -1860

Huile sur toile signée en bas à droite.
27 x 35 cm.
Certifcat de la galerie Brame & Lorenceau.
Cette uvre est reproduite dans le deuxième supplément à « Luvre de Corot » publié
par André Schoeller et Jean Dieterle. Cette uvre est reproduite dans le deuxième
supplément à « Luvre de Corot », publié par André Schoeller et Jean Dieterle.


Trois silhouettes frêles se dirigent vers nous, cheminant au milieu dune large route.
Les personnages, un adulte et deux enfants, semblent perdus dans ce paysage tant la
disproportion est grande entre leur taille et celle des arbres qui bordent cette route, fermant
la composition sur la droite. De lautre côté de la route, en revanche, un talus herbeux
dégage la perspective, laissant entrevoir les premières maisons dun hameau, Gouvieux,
ainsi que la vaste étendue dun ciel laiteux. Pas un nuage à lhorizon au point que cet
aplat de ciel, particulièrement lumineux, revêt une forme quasi géométrique. Il permet de
mieux faire ressortir les feuillages qui sy détachent et la qualité de matières du talus et de la
route. Cest ici un parfait exemple de la qualité de la palette de Corot aux tons nuancés et
subtils qui confère à un paysage, somme toute banal, des qualités esthétiques et formelles.
Les troncs élancés des arbres forment la trame dun écran translucide aux nuances ocres et
vertes. La même palette, cette fois saturée, se retrouve dans le talus opposé, confrontant
ainsi transparence et densité de la matière. Au centre, la route terreuse vient se poser
en miroir du ciel. La présence humaine, incarnée par les personnages ou signifée par
les maisons, occupe le centre de la composition, pivot dune composition géométrique
savamment ordonnée

Jean-Baptiste Corot est (1796-1875) est un peintre paysagiste majeur du XIXe s.
dont la longévité nous a laissé de nombreuses uvres. Initialement destiné au commerce,
il intègre à 26 ans latelier du peintre Michallon qui lui apprend les principes du paysage
néoclassique et lencourage à sinstaller en plein air. De ses nombreux voyages en Italie, il
rapporte des vues de Florence, Rome ou Tivoli, puis il parcourt la France à la recherche
de paysages variés, sintéressant aussi à larchitecture comme dans sa célèbre Cathédrale
de Chartres, aujourdhui au Louvre. Dilettante, il ne songe pas à exposer avant le Salon
de 1835 où il rencontre un accueil favorable. Il séduit et déroute tout à la fois ses
contemporains par ses thèmes classiques au traitement réaliste. Le Fermier de Pithiviers
appartient à cette première époque à la palette claire et aux touches franches. A partir
de 1850, il délaisse lexactitude du « motif » pour remodeler ses paysages daprès son
imagination sorientant vers une peinture du « souvenir » des nombreux lieux parcourus.
Gouvieux, près de Chantilly est caractéristique de cette période où sa touche devient plus
légère, moins scrupuleuse à rendre la réalité. Riche et comblé dhonneurs, il se retire en
1874 à Coubron où il peint encore de nombreuses vues des forêts alentour comme ici,
22 témoignage émouvant de sa créativité toujours vive.
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