Page 24 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
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JEAN-BAPTISTE COROT
Coubron
vers 1870 -1873.
Huile sur toile signée en bas à droite.
55 x 40 cm.
Certifcat Lebeau et Dieterlé.
Cette uvre est reproduite dans le catalogue raisonné et illustré dAlfred Robaut
et dans le deuxième supplément à « Luvre de Corot »,
publié par André Schoeller et Jean Dieterle.
Les personnages qui évoluent sur ce chemin boisé sous les frondaisons dun boccage,
semblent déambuler dans une architecture tant le paysage est ici construit. Le choix
dun format vertical accentue encore cet efet denfermement. Les arbres, régulièrement
disposés en bordure du chemin, forment une structure ; leurs troncs, tantôt verticaux
tantôt inclinés, constituent les colonnes et la voûte dune cathédrale végétale dont les
croisées dogives en seraient des branchages. Larbre unique de gauche parait être le pilier
sur lequel repose toute la construction. Décentré vers la gauche, le chemin dispute à la
rangée darbres de droite la primeur du sujet. Les personnages, anecdotiques, sont là
pour donner léchelle. Reste le ciel quon aperçoit çà et là au travers des feuillages et qui
perce au bout du « tunnel », point minuscule et pourtant déterminant qui permet à notre
il de séchapper à lextrémité du chemin.
Jean-Baptiste Corot est (1796-1875) est un peintre paysagiste majeur du XIXe s.
dont la longévité nous a laissé de nombreuses uvres. Initialement destiné au commerce,
il intègre à 26 ans latelier du peintre Michallon qui lui apprend les principes du paysage
néoclassique et lencourage à sinstaller en plein air. De ses nombreux voyages en Italie, il
rapporte des vues de Florence, Rome ou Tivoli, puis il parcourt la France à la recherche
de paysages variés, sintéressant aussi à larchitecture comme dans sa célèbre Cathédrale
de Chartres, aujourdhui au Louvre. Dilettante, il ne songe pas à exposer avant le Salon
de 1835 où il rencontre un accueil favorable. Il séduit et déroute tout à la fois ses
contemporains par ses thèmes classiques au traitement réaliste. Le Fermier de Pithiviers
appartient à cette première époque à la palette claire et aux touches franches. A partir
de 1850, il délaisse lexactitude du « motif » pour remodeler ses paysages daprès son
imagination sorientant vers une peinture du « souvenir » des nombreux lieux parcourus.
Gouvieux, près de Chantilly est caractéristique de cette période où sa touche devient
plus légère, moins scrupuleuse à rendre la réalité. Riche et comblé dhonneurs, il se retire
en 1874 à Coubron où il peint encore de nombreuses vues des forêts alentour comme
ici, témoignage émouvant de sa créativité toujours vive.
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