Page 8 - catalogue tableaux_08-2020
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FRANÇOIS BOUCHER
                        (PARIS, 1703 – PARIS, 1770)


                        La Belle Villageoise

                        Vers 1756
                        Huile sur toile signée à gauche 41 x 31 cm.
                        Certificats René Millet Expertise, P. & D. Colnaghi & Co. LTD et The National Trust.


                             Dans l’intérieur sombre d’une cuisine, une mère de famille s’affaire autour de ses
                        trois enfants. Au premier plan, divers objets négligemment disposés par le peintre situent
                        la scène : bassine de cuivre, cruche en terre, chou, navets… qui ne sont pas sans évoquer
                        son contemporain Chardin. A l’arrière-plan, on distingue quelque rare meuble ; un jambon
                        pend du plafond. Si tout est ici modeste, les personnages sont néanmoins de bonne mise
                        et semblent poser comme pour un portrait de famille. Entre la scène de genre et l’allégorie
                        familiale, Boucher choisit un décor rustique pour nous conter une saynète où les enfants
                        tiennent le premier rôle. Assis sur un coffre au centre de la composition, l’un d’entre eux nous
                        fixe de son regard angélique comme pour nous distraire de la dispute qui s’est déroulée. A
                        ses côtés, son frère garde jalousement un chat fixant le petit dernier qui, penaud, se détourne
                        de la scène, bientôt consolé par sa mère. Celle-ci, la belle villageoise, tient le second rôle,
                        celui de l’arbitre. Boucher accorde au monde de l’enfance une attention toute particulière
                        caractéristique de cette deuxième moitié du XVIIIe siècle. gagnée aux idées rousseauistes.
                             François Boucher (1703-1770) est l’un des peintres français emblématiques du siècle
        8               des Lumières. Sa peinture galante qui privilégie l’érotisme des personnages à l’héroïsme des
                        sujets historiques aura les faveurs de la cour et notamment celles de Mme de Pompadour
                        qui lui commandera de nombreux portraits. Nommé Premier peintre du roi Louis XV en
                        1765, au firmament de sa carrière, Boucher a commencé son apprentissage chez son père
                        puis dans l’atelier du graveur Jean-François Cars auprès duquel il se familiarise avec l’œuvre
                        de Watteau. Mais c’est avec François Lemoyne, grand décorateur de Versailles, qu’il apprend
                        la peinture et s’initie aux subtilités du style rococo. Après un séjour en Italie, il est reçu à
                        l’Académie royale de Peinture et de sculpture en 1734 avec Renaud et Armide, aujourd’hui au
                        Louvre. Au-delà de la peinture d’histoire, dont les scènes mythologiques sont prétextes à des
                        aventures galantes, Boucher balaie un vaste répertoire allant de la scène pastorale au portrait
                        de cour, en passant par la scène de genre familiale privilégiant l’intime comme avec cette
                        Belle Villageoise auquel Le Déjeuner du Louvre, plus citadin, pourrait faire pendant. Le style
                        de François Boucher se caractérise par une touche vive, lumineuse et colorée. Sa peinture
                        dénuée de mélancolie, évoque un univers joyeux délaissant les tourments de la vie pour ne
                        s’arrêter que sur ses plaisirs. Le quotidien idéalisé auquel il nous convie est celui que perçoit
                        une société privilégiée encore épargnée par les tourments révolutionnaires à venir.
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