Page 6 - catalogue tableaux_08-2020
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LOUIS-LÉOPOLD BOILLY
(LA BASSÉE, 1761 – PARIS, 1845)
Les Caresses maternelles
Vers 1810
Huile sur toile 46,5 x 38,5 cm.
Publication
Oeuvre reproduite dans , L.-L. Boilly, sa vie, son œuvre, H. Harisse, Paris, 1898, p. 93, cat.
n°114.
Provenance
Ancienne collection d’Antenor Patiño (1896-1982) pour sa résidence de l’avenue Foch, Paris.
Dans la quiétude d’un jardin, une tendre scène familiale s’offre à nous. Une jeune mère,
telle une madone moderne, enlace le visage de sa fillette. Toute occupée à la contemplation
de son enfant, elle nous montre son profil de médaille, tandis que la fillette nous dévisage,
la tête de face. Debout l’une contre l’autre, elles offrent un saisissant contraste. L’une est
brune, l’autre blonde. La mère, hiératique, est vêtue d’une longue robe blanche à la mode
antiquisante de l’Empire, dont les longs plis descendent au sol avec élégance. La fillette,
tout en mouvement, fait chatoyer sa robe noire moirée par des plis courbes qui accrochent
la lumière. Un soin très particulier est accordé à leurs vêtements dans le rendu desquels le
peintre excelle. Le décor aux allures romantiques est savamment organisé. Il préfigure de
façon singulière les mises en scène de portraits photographiques en atelier. Depuis le fond,
6 un halo de lumière, correspondant à une trouée dans les arbres, vient discrètement encadrer
l’enlacement maternel. Cependant l’éclairage principal vient de face, se focalisant sur la mère
dont semble émaner la lumière, renforçant ainsi l’expression de son amour maternel. Boilly
est le peintre des scènes d’intimité familiale qu’il sait mettre en scène avec subtilité sous
une impression de simplicité. Il renouvelle ici le genre du portrait en lui apportant une
dimension profondément sensible.
Louis-Léopold Boilly (1761-1845) est un peintre et graveur français, réputé pour ses
portraits et scènes de genre témoignant de la vie de ses contemporains. Fils d’un sculpteur sur
bois, il étudie la peinture, et plus particulièrement le « trompe-l’œil », auprès de Dominique
Doncre à Arras. Etabli à Paris en 1785, il débute sa carrière par des scènes galantes dans
l’esprit de Greuze et Fragonard. Cependant, grand admirateur de la peinture hollandaise du
XVIIe siècle, il développe une touche fine et porcelainée à l’instar de Gérard Dou ou Van
Mieris, dont il possède des tableaux. Devant changer ses sujets, jugés immoraux, sous la
Révolution, il devient portraitiste. Ces Caresses maternelles témoignent de ce tournant dans
sa carrière. Il développe alors un soin particulier à suggérer l’intimité des relations familiales
ou amicales. S’il expose pour la première fois au Salon en 1794, c’est surtout sous le Directoire
et l’Empire qu’il accède à la célébrité. Il obtint un grand succès au Salon de 1798 avec un
portrait de groupe Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey, puis reçut la médaille d’or au Salon
de 1804, pour L’Arrivée de la diligence (tous deux au musée du Louvre), qui représente une
de ses premières scènes de la vie urbaine qui deviendront sa spécialité. Chroniqueur de la vie
sociale de son époque, Boilly devient un « peintre de la vie moderne » avant l’heure. Chevalier
de la Légion d’honneur puis membre de l’Institut de France en 1833, il termine sa carrière
couvert d’honneurs.