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LOUIS-LÉOPOLD BOILLY
                        (LA BASSÉE, 1761 – PARIS, 1845)


                        Les Caresses maternelles

                        Vers 1810
                        Huile sur toile 46,5 x 38,5 cm.
                        Publication
                        Oeuvre reproduite dans , L.-L. Boilly, sa vie, son œuvre, H. Harisse, Paris, 1898, p. 93, cat.
                        n°114.
                        Provenance
                        Ancienne collection d’Antenor Patiño (1896-1982) pour sa résidence de l’avenue Foch, Paris.


                             Dans la quiétude d’un jardin, une tendre scène familiale s’offre à nous. Une jeune mère,
                        telle une madone moderne, enlace le visage de sa fillette. Toute occupée à la contemplation
                        de son enfant, elle nous montre son profil de médaille, tandis que la fillette nous dévisage,
                        la tête de face. Debout l’une contre l’autre, elles offrent un saisissant contraste. L’une est
                        brune, l’autre blonde. La mère, hiératique, est vêtue d’une longue robe blanche à la mode
                        antiquisante de l’Empire, dont les longs plis descendent au sol avec élégance. La fillette,
                        tout en mouvement, fait chatoyer sa robe noire moirée par des plis courbes qui accrochent
                        la lumière. Un soin très particulier est accordé à leurs vêtements dans le rendu desquels le
                        peintre excelle. Le décor aux allures romantiques est savamment organisé. Il préfigure de
                        façon singulière les mises en scène de portraits photographiques en atelier. Depuis le fond,

        6               un halo de lumière, correspondant à une trouée dans les arbres, vient discrètement encadrer
                        l’enlacement maternel. Cependant l’éclairage principal vient de face, se focalisant sur la mère
                        dont semble émaner la lumière, renforçant ainsi l’expression de son amour maternel. Boilly
                        est le peintre des scènes d’intimité familiale qu’il sait mettre en scène avec subtilité sous
                        une impression de simplicité. Il renouvelle ici le genre du portrait en lui apportant une
                        dimension profondément sensible.

                             Louis-Léopold Boilly (1761-1845) est un peintre et graveur français, réputé pour ses
                        portraits et scènes de genre témoignant de la vie de ses contemporains. Fils d’un sculpteur sur
                        bois, il étudie la peinture, et plus particulièrement le « trompe-l’œil », auprès de Dominique
                        Doncre à Arras. Etabli à Paris en 1785, il débute sa carrière par des scènes galantes dans
                        l’esprit de Greuze et Fragonard. Cependant, grand admirateur de la peinture hollandaise du
                        XVIIe siècle, il développe une touche fine et porcelainée à l’instar de Gérard Dou ou Van
                        Mieris, dont il possède des tableaux. Devant changer ses sujets, jugés immoraux, sous la
                        Révolution, il devient portraitiste. Ces Caresses maternelles témoignent de ce tournant dans
                        sa carrière. Il développe alors un soin particulier à suggérer l’intimité des relations familiales
                        ou amicales. S’il expose pour la première fois au Salon en 1794, c’est surtout sous le Directoire
                        et l’Empire qu’il accède à la célébrité. Il obtint un grand succès au Salon de 1798 avec un
                        portrait de groupe Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey, puis reçut la médaille d’or au Salon
                        de 1804, pour L’Arrivée de la diligence (tous deux au musée du Louvre), qui représente une
                        de ses premières scènes de la vie urbaine qui deviendront sa spécialité. Chroniqueur de la vie
                        sociale de son époque, Boilly devient un « peintre de la vie moderne » avant l’heure. Chevalier
                        de la Légion d’honneur puis membre de l’Institut de France en 1833, il termine sa carrière
                        couvert d’honneurs.
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