Page 46 - catalogue tableaux_08-2020
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PIETER COECK VAN ALST
(ALOST, 1502 – BRUXELLES, 1550)
(entourage)
Adoration des Mages
Vers 1540
Huile sur bois
106 x 90 cm
Certificat René Millet Expertise.
Ce triptyque nous présente trois épisodes de l’enfance du Christ. Entre une adoration
des bergers sur le volet de gauche et la circoncision sur celui de droite, le panneau central,
majestueux, nous montre, les rois Mages venant se prosterner devant l’Enfant Jésus. La scène
est actualisée à l’époque du peintre, les personnages y sont vêtus à la mode de la Renaissance,
dans le but d’actualiser le message divin. On reconnait sur les trois panneaux le couple familier
de Marie, en bleu, et Joseph, en rouge. L’Enfant Jésus, bébé nu bénissant, semble perdu
dans la composition fourmillante de détails où l’œil ne sait où se poser. Des architectures
en ruine campent l’espace, avec des piliers richement sculptés et des fragments d’arcades
qui répondent aux volutes du cadre du triptyque. Ces ruines sont caractéristiques du goût
renaissant pour l’Antiquité, comme on en trouve dans la peinture italienne contemporaine.
Elles témoignent d’une connaissance et d’une réinterprétation de ces modèles. La tradition
flamande se perçoit, en revanche, dans le traitement soigné du paysage regorgeant de détails
46 ainsi que dans la minutie du rendu des matières comme les étoffes précieuses des Mages
ou les pièces d’orfèvrerie. La palette de couleurs vives déploie une gamme de rouges qui
harmonisent les différents panneaux. Des jaunes dorés y répondent, soulignant l’aspect
fastueux des scènes, tempérés par les gris-bleus des architectures. Ce retable, probablement
destiné à la dévotion privée d’un riche commanditaire, respire l’opulence.
Pieter Coecke van Aelst (1502-1550) est un artiste flamand aux multiples talents,
architecte, peintre, sculpteur, écrivain. Elève à Bruxelles de Van Orley, peintre officiel des
Habsbourg, il entreprend un voyage en Italie entre 1521 et 1525 où il découvre les chefs-
d’œuvre de l’Antiquité et se familiarise avec les idées de la Renaissance qu’il contribue à
diffuser largement dans les Flandres. Il édite notamment une traduction en néerlandais du
traité Sette libri dell’architettura de Serlio. En 1533, il visite même Constantinople et grave une
série de planches sur le mode de vie des Turcs. Installé à Anvers, il dirige un atelier célèbre où
l’on développe des activités aussi variées que la gravure, la sculpture, la peinture pour vitrail
ou encore le dessin pour joaillerie ou tapisserie… Sa passion pour l’architecture se manifeste
dans cette Adoration des Mages où piliers à l’antique et colonnes de porphyre structurent les
scènes. Il peint ce thème à maintes reprises, variant chaque fois les compositions, comme
l’attestent les versions du château d’Ecouen ou du musée des Beaux-Arts de Valenciennes.