Page 252 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE DE VLAMINCK
(PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)
Bouquet de fleurs
1930
Huile sur toile signée en bas à gauche
62 x 46 cm.
Publication
Oeuvre reproduite dans le catalogue raisonné en cours de M. Valles-Bled & G.
de Vlaminck, Wildenstein Institute.
De ce bouquet de fleurs champêtres, rustique dans sa cruche de terre, se dégage
une vitalité qui dépasse la seule fraicheur des fleurs récemment coupées. Marguerites, iris,
giroflées… explosent de leurs couleurs vives et tranchées comme un véritable feu d’artifice.
Ici dominent le bleu, le jaune et le blanc qui viennent opposer leur clarté à la masse terreuse
du pot et plus encore à celle obscure du fond. Ne serait-ce une ombre portée qui l’ancre à
son support, le bouquet semblerait en lévitation tant le fond sur lequel il se détache explicite
peu l’espace. Nulle démarcation entre les plans qui puisse indiquer où s’arrête la table, où
commence le mur du fond. On glisse imperceptiblement de l’un à l’autre ; seul un dégradé
des valeurs de gris crée une impression d’espace. La lumière, qui semble irradier des fleurs,
a pourtant une provenance autre, elle émane de la gauche comme le trahit l’ombre portée
du vase, à droite, mais aussi le reflet sur sa panse vernissée. Ce trait blanc répète, plus qu’il
ne reflète, ce plus large trait qui balafre le côté gauche de la toile, résumant à lui seul la
252 source lumineuse. Dans une grande économie de moyens, que suggère le sujet même, cet
empâtement de blanc est l’héritier des embrasures de fenêtres flamandes puis hollandaises
qui éclairaient latéralement natures mortes et scènes de genre. Ici la peinture, ne craint pas
de s’afficher, la touche de se manifester. Subtile dans les essences de fleurs, elle se veut plus
rude, par contraste, pour signifier l’espace.