Page 162 - catalogue tableaux_08-2020
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HENRI MATISSE
(LE CATEAU-CAMBRÉSIS, 1869 – NICE, 1954)
Maisons à Kervilahouen, Belle-Île-en-Mer
1896
Huile sur carton signée en bas à gauche 30 x 36 cm.
Certificat Wanda de Guébriant.
Au premier abord, l’œil a du mal à discerner des formes tant les couleurs sont
prégnantes. Un écheveau de couleurs chaudes qui occupent la moitié inférieure du tableau.
Puis, surgissent plus haut les formes familières de chaumières aux murs blancs et aux toits
pentus. Elles se dessinent sur un ciel bleu mais non dénué de taches roses ou jaunes, çà et là,
évoquant un coucher de soleil. Au-delà du ciel, c’est bien toute la nature qui s’embrase en
cette fin de journée, et la lande, au premier plan, déploie toute la palette du peintre au point
d’y noyer tout détail naturaliste, bruyères et rochers se mêlant en un feu d’artifice. Matisse
juxtapose ici un amoncellement de couleurs qui nie la profondeur et rend presque abstraite
sa composition.
Henri Matisse (1869-1954) est le chef de file du fauvisme. Après une formation
sommaire, Matisse expose son premier tableau au Salon des Cent en 1896 et reçoit le soutien
de Pierre Puvis de Chavannes. A l’occasion d’un voyage à Belle-Île-en-Mer, il rencontre Rodin
et Pissarro qui deviendra son ami. C’est lors de ce séjour qu’il peint Maisons à Kervilahouen,
où l’on comprend son intérêt pour la peinture impressionniste. En 1905, il participe à
162 l’exposition du Salon d’automne qui restera un tournant dans l’histoire de l’art. Avec ses
amis Vlaminck, Marquet, Derain,… il est qualifié de « fauve », initiant ainsi ce mouvement
pictural où la couleur préside. Il entreprend alors de nombreux voyages à travers le monde
jusqu’à Tahiti. Il connait un immense succès, ses toiles sont vendues de New-York à Moscou.
Après la première guerre mondiale il s’établit à Nice où il réalise en 1933 son chef-d’œuvre,
La Danse avec des gouaches découpées, dont il existe deux versions, au musée d’art moderne
de la ville de Paris et à la Fondation Barnes de Philadelphie. Artiste boulimique, il dessine
costumes et décors pour Serge Diaghilev, illustre l’Ulysse de James Joyce et réalise le décor de
la chapelle du Rosaire à Vence.