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MARIE LAURENCIN
(PARIS, 1883 – PARIS, 1956)
Anémones dans un vase bleu
1933
Huile sur toile signée et datée en bas à gauche « Marie Laurencin 1933 »
49 x 64,5 cm.
Publication
Œuvre reproduite dans le Catalogue raisonné de l’œuvre peint, Daniel Marchesseau, Paris,
1986, p. 247, n° 564.
Une quinzaine d’anémones aux corolles largement ouvertes émergent d’un vase bleu
oblong, campé au centre de la composition. Nulle indication d’un espace ni même d’une
profondeur. Le vase affleure le bord du cadre quand le fond décline un dégradé allant du
jaune clair au gris foncé, subitement interrompu par une bande rosée, à droite. Résumées à
leurs plus simples formes, le disque d’un pistil noir au centre d’une masse polylobée évoquant
les pétales, ces fleurs sont une sorte d’épure. La poésie qui en émane, propre au style de Marie
Laurencin, réside dans une certaine naïveté de la touche, aux couleurs franches mais subtiles,
dans une palette reconnaissable entre toutes. Les gris chauds du fond servent, en effet, à
exalter les tons plus vifs des anémones, déclinaisons de rouges et de mauves, ponctuées de
blanc. Le bleu roi du vase, soutient de sa masse l’ensemble de la composition et lui confère sa
force. Tout comme dans ses portraits qui usent de la même gamme colorée, Marie Laurencin,
aime à synthétiser formes et couleurs pour tirer l’essence de ses sujets.
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Marie Laurencin (1883-1956) est une portraitiste française, poétesse et illustratrice.
Inscrite à l’école de Sèvres, pour devenir peintre sur porcelaine, ainsi qu’à l’Académie Humbert,
elle se noue d’amitié avec Braque et Picabia. En 1907, elle expose pour la première fois au
Salon des Indépendants en compagnie de Picasso et Derain, flirtant ainsi avec le cubisme,
dans son célèbre Groupe d’artistes, aujourd’hui au Musée de Baltimore. Sa notoriété monte
alors en France, puis en Allemagne. Exilée en Espagne pendant la première guerre mondiale,
elle fréquente le milieu Dada mais son style se montre peu perméable aux influences de ses
artistes. C’est dans l’entre-deux guerres que sa carrière de portraitiste mondaine atteint son
apogée. Son style singulier ne cherche pas tant la ressemblance du modèle qu’un masque
reconnaissable de sa palette aux aplats de couleurs froides. Ses portraits, s’ils sont des objets à
la mode, expriment aussi la recherche d’un éternel féminin. Ses bouquets de fleurs, gracieux,
semblent être leur pendant végétal, à la recherche d’une même épure.