Page 28 - catalogue tableaux_08-2020
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GEORGES BRAQUE
(ARGENTEUIL, 1882 – PARIS, 1963)
Bouquet de fleurs
1943
Huile sur toile signée en bas à gauche 19 x 33 cm.
Certificat John Rewald.
Six marguerites et quatre tournesols s’étagent dans un vase qui occupe le centre de
la composition. Leur répartition dans ce vase tout comme la disposition de celui-ci sur ce
qui semble être l’angle d’une table, n’est pas réaliste. La représentation de l’espace est ici
malmenée, fragmentée voire même niée si l’on considère le fond jaune uni du tableau qui ne
donne aucun indice de profondeur de champs. Le vase, à lui seul, pose la question du volume
représenté : cylindrique à ses extrémités, il présente un angle en son centre. Aucune ombre
ne vient non plus ancrer l’objet dans cet espace. Il semblerait flotter sans le décrochement
de l’angle de la table qui force notre regard à reconstruire un espace rationnel. A la fois vu
de face et du dessus, ce bouquet de fleurs propose donc une synthèse des différents angles
de vue possibles. La palette chromatique réduite au jaune et au vert, à la limite du camaïeu,
participe de cette simplification des formes. La touche, très présente, devient motif quand
il s’agit de peindre les pétales. Pour autant, l’épure du traitement n’en rend pas cette œuvre
naïve. Chaque fleur est montrée dans sa singularité, finement observée d’après nature avant
d’être traduite avec l’économie de moyens d’une touche franche.
28 Georges Braque (1882-1963) est considéré avec Picasso comme l’initiateur du
mouvement cubiste. Artiste total, il peint, grave, sculpte et invente la technique du collage.
Suivant d’abord une formation d’artisan-décorateur, il s’oriente vers la peinture et s’installe
à Montmartre, centre névralgique des artistes d’avant-garde. Dès 1906, il expose ses œuvres
au Salon des Indépendants. D’abord inspiré par le fauvisme, il découvre l’œuvre de Cézanne
qui l’amène à plus de simplification. Mais c’est la rencontre décisive avec Picasso dont Les
Demoiselles d’Avignon révolutionne son œuvre, qui lui inspire son Grand nu de 1908. De
cette rencontre nait alors le cubisme, décomposant le modèle pour mieux le recomposer,
multipliant les points de vue, simplifiant les formes en les géométrisant. À partir des années
20, se défiant d’une dérive de son œuvre vers l’abstraction, Braque réintroduit l’objet réel
dans ses natures mortes. Sa palette délaisse les camaïeux de gris pour revenir à des tons
plus colorés. Exposé chez Kahnweiler puis Rosenberg, sa notoriété va croissant. Vollard lui
commande une série de gravures, éditées par Maeght. Pendant la seconde guerre mondiale,
il se consacre à une peinture plus ascétique, enchainant les séries de Guéridons et de natures
mortes à laquelle se rattache ce Bouquet de fleurs.