Page 240 - catalogue tableaux_08-2020
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GILLIS VAN TILBORCH
(BRUXELLES, 1625 – BRUXELLES, 1678)
(attribué à)
Scène villageoise
ème
3 quart du XVII siècle
è
Huile sur toile 91 x 101 cm.
Provenance Tajan Paris, 2004.
Une douzaine de personnages sont rassemblés dans ce qui semble être une clairière.
Le premier plan est occupé par des récipients et des victuailles négligemment posés sur le
sol. Disposés comme une nature morte, ils sont représentés avec beaucoup de réalisme. Ce
n’est qu’au second plan qu’interviennent les personnages. D’abord un couple assis à droite.
L’homme de dos semble jouer de la flûte tandis que la femme qui lui fait face lui tend un
papier. Ils semblent disproportionnés par rapport aux autres personnages situés en arrière.
Ceux-ci, à défaut d’être attablés, sont pour certains assis autour d’une broche, des assiettes
sur les genoux. D’autres debout à droite observent quelque chose dissimulé à notre vue.
Quatre enfants sont ici présents. Les hommes, à en croire leurs mises, chapeaux, jabots et
manches en dentelle, semblent appartenir à une classe sociale élevée. L’une des femmes nous
fixe avec attention, elle-même observée par son voisin. La scène est nocturne, la lumière
émane de l’angle inférieur gauche, probablement un feu non visible ici. Elle éclaire plus
fortement les objets du premier plan et le couple de droite. Les couleurs, où domine le brun,
240 sont plutôt ternes, animées par quelques touches de blanc et surtout le rouge et le bleu de la
femme de droite, qu’on retrouve atténués chez certains personnages du fond.
Gillis Van Tilborch (1625-1678) est un peintre bruxellois de scènes de genre. Membre
de la guilde bruxelloise de Saint Luc, il ouvre son propre atelier. Dans la tradition de la peinture
flamande, où s’illustre en particulier Bruegel, la scène de genre est prétexte à montrer la vie
quotidienne de ses contemporains, observée avec acuité. S’y mêlent parfois des connotations
morales, notamment dans les scènes de tavernes, mais aussi une certaine mélancolie comme
ici, où les personnages, figés, baignent dans la lumière d’une veillée au coin du feu. Si le sujet
reste assez énigmatique, cette œuvre évoque cependant une Réunion familiale en plein air, des
années 1660-70, au Louvre. Si Gillis Van Tilborch puise son inspiration dans l’observation
du genre humain dans son quotidien, il développe aussi un talent particulier pour peindre
des natures mortes, comme le montre son premier plan à la composition soignée, arrangeant
drapé et légumes avec recherche