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GILLIS VAN TILBORCH
                        (BRUXELLES, 1625 – BRUXELLES, 1678)


                        Repas devant une auberge

                                         è
                        3  quart du XVII  siècle
                         ème
                        Huile sur panneau de chêne 43 x 68 cm.
                        Certificat René Millet Expertise.


                             Il règne ici un air de fête. Mais que célébrons-nous ? La plupart sont à table quand
                        d’autres s’affairent à des tâches domestiques. La hiérarchie sociale se distingue peu à peu
                        en découvrant au centre ce personnage richement habillé qui lève son verre à la cantonade.
                        Bénéficiant avec son épouse de chaises quand les autres convives s’entassent sur un banc,
                        ils occupent à eux deux un seul côté d’une table abondement garnie. L’assemblée est sage
                        et respectueuse, on n’observe aucun des débordements auxquels nous habituent les fêtes
                        villageoises de Rubens ou Téniers… Serait-ce un notable célébrant quelque évènement à
                        l’auberge avec ses convives ? La scène se passe à la campagne, à l’écart d’un village dont on
                        distingue l’église au loin, entre les arbres. L’auberge se présente comme une large bâtisse
                        rustique, en torchis, dont on a sorti les tables afin de bénéficier de cette belle journée
                        ensoleillée. Une rivière coule à proximité où une femme lave son linge, au premier plan.
                        Le peintre saisit ici un moment de la vie sociale de ses contemporains, captant les faits
                                                       è
                        et gestes de ces Flamands du XVII  siècle qui s’adonnent notamment à la consommation
                        du tabac récemment introduit aux Pays-Bas et dont témoignent plusieurs longues pipes
                        blanches activées çà et là. La palette de couleurs plutôt vives, ponctuées des taches rouges des
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                        vêtements qui rythment cette composition, évoque davantage la Kermesse de Rubens que
                        les scènes de tavernes de Téniers. Si l’ambiance est ici plus sereine et posée, elle n’en reste pas
                        moins caractéristique des scènes de genre qu’inventa l’école flamande du XVII  siècle.
                                                                                           è
                             Gillis Van Tilborch (1625-1678) est un peintre flamand spécialisé dans les scènes
                        de genre. Membre de la guilde bruxelloise de Saint Luc, élève de Téniers, il ouvre son
                        propre atelier à Bruxelles en 1654. Dans la tradition de la peinture flamande, où s’illustre
                        en particulier Bruegel, la scène de genre est prétexte à montrer la vie quotidienne d’une
                        société contemporaine, observée avec acuité. S’y mêlent parfois des connotations morales,
                        notamment dans les scènes de tavernes, mais aussi une douceur de vivre comme dans ce Repas
                        devant une auberge. Ce tableau s’inscrit dans une typologie que Tilborch développera au
                        cours des années 1660-70 et que l’on peut rapprocher de celui du Louvre, Réunion familiale
                        en plein air, et du Metropolitan Museum, La Visite à la ferme, dont les compositions sont
                        similaires : la place accordée à l’architecture avec une grande bâtisse disposée à droite fermant
                        la composition, l’échappée vers l’horizon sur la gauche et enfin cet ordonnancement des
                        personnages se répartissant le centre du tableau jusqu’au premier plan. Gillis Van Tilborch
                        puise son inspiration dans une observation fine du genre humain qui lui permet de dépasser
                        l’aspect anecdotique pour nous dresser des portraits sensibles de ses contemporains.
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