Page 244 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE DE VLAMINCK
(PARIS, 1876 – RUEIL-LA-GADELIÈRE, 1952)
Fleurs
Vers 1910 - 1920
Huile sur toile signée en bas à droite « Vlaminck »
72 x 53 cm.
Certificat Wildenstein Institute
Entre ciel et terre, entre le bleu et l’ocre, entre un espace éthéré et un support concret.
Si l’art de peindre des bouquets de fleurs est chez certains artistes un exercice de style, chez
Vlaminck c’est l’expression intense du sien. Chaque nouvelle composition est pensée comme
un paysage, travaillée comme un « morceau » de peinture. Ici, en particulier, le fond, traité
comme un ciel délavé, laisse filtrer la lumière à travers les nuées. La palette de bleus délayés,
qui occupe la quasi-totalité de la toile comme dans un paysage hollandais, offre un contraste
presque palpable avec le bois de cette table lustrée, au contour bien dessiné. Vlaminck joue
avec les effets de profondeur et de matières, révélées par les contrastes de sa touche, des
tonalités et des lumières. Il ne cherche pas à figurer un espace réel ni même plausible. Le jeu
d’ombres est ici purement plastique pour souligner les couleurs ou affirmer les plans, comme
cette ombre rectiligne du vase qui ignore sa forme en balustre. De même, la lumière, bien
qu’émanant de la gauche, tolère l’ombre bleu foncé du vase sur le fond qui n’a de sens que
pour intensifier le reflet lumineux sur le vase, et partant, son volume. Mais tout ce décor,
brossé à larges traits, a pour finalité de servir d’écrin au bouquet dont fleurs et branchages
244 jaillissent du fut bombé. Là, la touche s’affine, se précise, décrit. La minutie des pétales et des
clochettes, l’intensité des couleurs franches - rouge, blanc, vert –, la position centrée… tout
concourt à magnifier cette explosion florale. Une fois de plus, Vlaminck réussit le tout de
force de réinventer la nature morte en une manifestation vivifiante et joyeuse.