Page 226 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE UTRILLO
PARIS, 1883 – DAX, 1955)
Rue de banlieue
1948
Huile sur panneau signée en bas à droite
37 x 54 cm.
Cette rue principale de village qui aligne sagement ses maisons pour nous guider
de la mairie, à gauche, jusqu’à l’église tout au fond, obéit scrupuleusement aux lois de la
perspective. Trottoirs, façades, rangées d’arbres... convergent vers un point de fuite central,
l’église dont on ne voit que le chevet. Tout concourt à organiser rigoureusement l’espace
jusqu’aux personnages alignés comme des bornes à intervalles réguliers. Ces deniers cependant
dérogent quelque peu à la précision de l’ensemble. Esquissés par de simples touches colorées,
ils sont réduits à des silhouettes statiques, posées en lévitation sur le sol. C’est bien là la
signature d’Utrillo que ces « bonshommes » légèrement maladroits, naïfs, qui contrastent
avec le rendu plus apprêté des maisons alentour. La ligne y est très présente pour cerner d’un
contour façades, toits et clocher,... On la retrouve plus libre pour signifier les rainures des
persiennes. La palette colorée est très claire, presque délavée, avec une dominante de bleu et
de gris que viennent rehausser les petites tâches de jaune et de vert des feuillages. La touche
est bien visible. Rapide et fluide, elle mêle les teintes avec audace. Le ciel, brossé à grands
traits, propose des dégradés subtils de bleus, quand le sol de la rue, luisant comme après
une averse, ose un mélange de roses, de bleus et d’ocres que rien ne justifie. Cette aisance
226 dans l’emploi des couleurs caractérise la peinture d’Utrillo et lui confère cette fraicheur si
appréciable.