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MAURICE UTRILLO
                        PARIS, 1883 – DAX, 1955)


                        Rue de banlieue

                        1948
                        Huile sur panneau signée en bas à droite
                        37 x 54 cm.


                             Cette rue principale de village qui aligne sagement ses maisons pour nous guider
                        de la mairie, à gauche, jusqu’à l’église tout au fond, obéit scrupuleusement aux lois de la
                        perspective. Trottoirs, façades, rangées d’arbres... convergent vers un point de fuite central,
                        l’église dont on ne voit que le chevet. Tout concourt à organiser rigoureusement l’espace
                        jusqu’aux personnages alignés comme des bornes à intervalles réguliers. Ces deniers cependant
                        dérogent quelque peu à la précision de l’ensemble. Esquissés par de simples touches colorées,
                        ils sont réduits à des silhouettes statiques, posées en lévitation sur le sol. C’est bien là la
                        signature d’Utrillo que ces « bonshommes » légèrement maladroits, naïfs, qui contrastent
                        avec le rendu plus apprêté des maisons alentour. La ligne y est très présente pour cerner d’un
                        contour façades, toits et clocher,... On la retrouve plus libre pour signifier les rainures des
                        persiennes. La palette colorée est très claire, presque délavée, avec une dominante de bleu et
                        de gris que viennent rehausser les petites tâches de jaune et de vert des feuillages. La touche
                        est bien visible. Rapide et fluide, elle mêle les teintes avec audace. Le ciel, brossé à grands
                        traits, propose des dégradés subtils de bleus, quand le sol de la rue, luisant comme après
                        une averse, ose un mélange de roses, de bleus et d’ocres que rien ne justifie. Cette aisance
        226             dans l’emploi des couleurs caractérise la peinture d’Utrillo et lui confère cette fraicheur si
                        appréciable.
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