Page 228 - catalogue tableaux_08-2020
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MAURICE UTRILLO
PARIS, 1883 – DAX, 1955)
Le Lapin agile sous la neige
Vers 1950
Huile sur toile signée en bas à droite « Maurice Utrillo V. »
37 x 46 cm.
Certificat Gilbert Pétridès
Attestation d’inclusion Jean Fabris.
Provenance
Ancienne collection Jean Foulon, Paris
Publications
P. Pétridès, L’œuvre complet de Maurice Utrillo, Tome III, Paul Pétridès Editeur, Paris, 1969,
n° 1936, p. 220, reproduit en noir et blanc, p. 221.
Sous un ciel gris d’hiver, quelques bâtisses dressent façades et pignons
au débouché d’une ruelle. La neige a recouvert les toits et la chaussée. On se
croirait à la campagne. Quelques passants égrènent leurs silhouettes colorées,
tels des pions sur un tapis blanc. Et pourtant nous sommes en plein Paris…
Haut lieu mythique de la bohême montmartroise, Le Lapin agile fait figure de monument
chez les écrivains, chansonniers et artistes de tout poil au tournant du XXe s. On ne compte
plus les grands noms qui s’y pressèrent surtout avant la Première Guerre mondiale, Picasso,
228 Max Jacob, Dorgelès, Cendrars, Mac Orlan... Longtemps sous la houlette d’Aristide Bruant,
qui le rachète en 1913, on y chante, et festoie toute la nuit. Peintre infatigable de son
quartier qu’il n’a quasiment jamais quitté, Utrillo, familier des lieux, nous restitue ici ce
cabaret aux allures de maisonnette de faubourg dont la gloire, certes un peu ternie, perdure
aujourd’hui. Le paysage n’a d’ailleurs guère changé depuis lors témoignant de ce village aux
ruelles paisibles que présente toujours le haut-Montmartre. Le pignon sombre de l’immeuble
voisin domine encore le cabaret, les mêmes barrières blanches en clôturent la terrasse, jusqu’à
l’arbre, plus proéminent, qui en dissimule davantage la façade. On reconnait ici la touche
d’Utrillo, à la fois naïve et précise, qui cherche à restituer l’âme de ce vieux Montmartre.
Rigoureux dans la perspective, plus approximatif dans ses personnages, il signe ici un pan
de l’histoire de la bohême artistique parisienne qui attira le monde entier au siècle dernier.
Maurice Utrillo (1883-1955) est un peintre de paysages urbains français. Fils de la
peintre Suzanne Valadon, il est encouragé par sa mère à développer son art. Formé chez le
peintre Alphonse Quizet, il s’installe à Montmartre qu’il choisit comme sujet même de sa
peinture. Il en peint les rues et les cafés où se glissent parfois de rares silhouettes humaines.
Son style bien que naïf rend néanmoins avec précision la topographie des lieux. Son sens aigu
de l’observation crée une atmosphère empreinte d’un certain réalisme, teinté de mélancolie.
Durant sa « période blanche » (1909-14), il utilise le zinc qu’il mélange au plâtre pour
traduire la décrépitude des murs de Montmartre. Peintre prolifique, il commence à vivre de
sa peinture, parrainé par les amis de sa mère, Renoir ou Degas, et gagne en notoriété grâce au
marchand d’art Paul Guillaume, qui organise sa première grande exposition en 1922.