Page 222 - catalogue tableaux_08-2020
P. 222

MAURICE UTRILLO
                        PARIS, 1883 – DAX, 1955)


                        Le Maquis à Montmartre

                        1940
                        Huile sur panneau signée en bas à droite
                        35 x 50 cm.


                             C’est sans doute pour mieux signifier la Butte Montmartre que le peintre a ici choisi de
                        saturer sa composition en ne laissant que peu de place au ciel. Ce point de vue en contrebas
                        accentue l’effet de montée, renforcé par la ligne de fuite de la rue à gauche avec sa palissade
                        ascendante. A l’arrière-plan, deux symboles de Montmartre s’affichent pour mieux identifier
                        le lieu : le Sacré Cœur et le moulin de la Galette. Le titre, en bas à gauche, nous renseignait
                        déjà. Il s’agit du fameux maquis de Montmartre, aujourd’hui disparu, et dont Utrillo se fit
                        l’un des derniers témoins. Il le peint des dizaines de fois, souvent de ce même point de vue,
                        sous tous les temps, en toute saison, aussi bien sous la neige que, comme ici, au printemps.
                        Ce lieu mythique de la Butte, remplacé par l’actuelle avenue Junot, était un lieu misérable
                        mais pittoresque construit de cabanes et de maisonnettes que Utrillo nous restitue ici avec
                        naïveté. Au centre du tableau, à côté de la maison blanche de droite, un chalet sur pilotis nous
                        donne une idée de ces habitations précaires. La femme qui se tient à côté, avec son tablier
                        brossé à gros traits, témoigne de la population miséreuse qui y vivait. A la date où il peint
                        son tableau, Utrillo assiste pourtant aux dernières heures du maquis. Les deux femmes du
                        premier plan, élégantes, chapeautées, annoncent déjà les nouveaux habitants d’un quartier
        222             bientôt huppé. Ici, nulle trace pourtant de nostalgie, la palette aux couleurs vives du peintre
                        imprègne l’atmosphère d’une certaine gaité. Le jaune ensoleillé du sol semble ignorer le ciel
                        gris réduit à une simple bande, tandis que le rouge orangé des toits rehausse la dominante
                        des verts des feuillages et des volets.
   217   218   219   220   221   222   223   224   225   226   227