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LÉONCE PETIT
                        TADEN, 1839 – PARIS,1884


                        La Visite du Préfet

                        1874
                        Huile sur toile
                        Signée et datée en bas au milieu
                        70 x 100 cm.


                             Que de monde en ce jour de marché ! On s’affaire, on se salue mais aussi on s’attroupe
                        autour  d’un  personnage  dont  la  visite  semble  inopinée,  sans  tambour  ni  trompette,  pas
                        même celle du garde-champêtre… Car ce bain de foule d’un préfet dans une petite bourgade
                        n’a rien de protocolaire. Accompagné de son seul postillon sagement placé quelques pas
                        en arrière, ce grand serviteur de l’état, passerait presque incognito s’il n’était salué à son
                        passage par les villageois qui font cercle autour de lui. Veaux, vaches, cochons, couvées…
                        tout le pittoresque d’un marché de province se déploie sous nos yeux. Anecdotique, la scène
                        se veut descriptive et bon enfant, vantant les mérites d’un monde rural prospère et bien
                        administré. Loin des représentations réalistes de Courbet ou élégiaques de Millet, ses ainés,
                        la vie provinciale de Léonce Petit se veut descriptive et narrative, proche de l’illustration qu’il
                        pratique concomitamment dans les journaux. Son style, académique, s’inscrit plutôt dans la
                        lignée de ceux d’Horace Vernet ou Léopold Boilly, dont les scènes de genre décrivent avec
                        bonheur, et précision, la vie quotidienne de leurs contemporains. Cette fresque d’une société
                        fortement ancrée dans ses valeurs agricoles et dont les personnages exhibent leurs coiffes et
        182             costumes typiques dépeint une France folklorique et sereine en accord avec la visée politique
                        de la toute jeune Troisième République.

                             Léonce Justin Alexandre Petit (1839-1884) est un artiste peintre, graveur, illustrateur
                        et caricaturiste français. Originaire de Normandie, il suit une formation auprès du peintre-
                        paysagiste Henri Harpignies (1819-1916), puis de François Augustin Feyen-Perrin (1826-
                        1888). Dès 1863, Léonce Petit commence à publier dans le Journal amusant, auquel il
                        restera fidèle jusqu’à sa mort. Puis en 1867, il entame une collaboration avec divers journaux
                        satiriques, le Hanneton, L’Éclipse, et Le Bouffon, dont ses unes en forme de portrait-charge
                        connaissent un grand succès, notamment celui de Gustave Courbet dans Le Hanneton. C’est
                        à cette époque qu’il se fait aussi connaître comme peintre et graveur. Il devient alors le chantre
                        de la vie provinciale et paysanne. En 1869, il réalise une suite de planches lithographiées,
                        Les Mésaventures de M. Bêton, et commence à exposer au Salon des huiles sur toile, comme
                        cette Visite du préfet. Bien que contemporain de Gustave Courbet, il n’en adopte pas le
                        parti-pris réaliste. Son style proche de l’illustration se veut narratif privilégiant l’approche
                        pittoresque à la vision sociale. Sa rencontre avec Jules Champfleury (1821-1889) lui permet
                        d’illustrer les Aventures de M. Tringle, précédemment parues dans L’Illustration. La même
                        année que notre tableau, dans une vaine semblable, Léonce Petit publie Les Bonnes gens de
                        Province dans le Journal amusant. Au faîte de son succès, il meurt prématurément à l’âge de
                        45 ans.
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