Page 182 - catalogue tableaux_08-2020
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LÉONCE PETIT
TADEN, 1839 – PARIS,1884
La Visite du Préfet
1874
Huile sur toile
Signée et datée en bas au milieu
70 x 100 cm.
Que de monde en ce jour de marché ! On s’affaire, on se salue mais aussi on s’attroupe
autour d’un personnage dont la visite semble inopinée, sans tambour ni trompette, pas
même celle du garde-champêtre… Car ce bain de foule d’un préfet dans une petite bourgade
n’a rien de protocolaire. Accompagné de son seul postillon sagement placé quelques pas
en arrière, ce grand serviteur de l’état, passerait presque incognito s’il n’était salué à son
passage par les villageois qui font cercle autour de lui. Veaux, vaches, cochons, couvées…
tout le pittoresque d’un marché de province se déploie sous nos yeux. Anecdotique, la scène
se veut descriptive et bon enfant, vantant les mérites d’un monde rural prospère et bien
administré. Loin des représentations réalistes de Courbet ou élégiaques de Millet, ses ainés,
la vie provinciale de Léonce Petit se veut descriptive et narrative, proche de l’illustration qu’il
pratique concomitamment dans les journaux. Son style, académique, s’inscrit plutôt dans la
lignée de ceux d’Horace Vernet ou Léopold Boilly, dont les scènes de genre décrivent avec
bonheur, et précision, la vie quotidienne de leurs contemporains. Cette fresque d’une société
fortement ancrée dans ses valeurs agricoles et dont les personnages exhibent leurs coiffes et
182 costumes typiques dépeint une France folklorique et sereine en accord avec la visée politique
de la toute jeune Troisième République.
Léonce Justin Alexandre Petit (1839-1884) est un artiste peintre, graveur, illustrateur
et caricaturiste français. Originaire de Normandie, il suit une formation auprès du peintre-
paysagiste Henri Harpignies (1819-1916), puis de François Augustin Feyen-Perrin (1826-
1888). Dès 1863, Léonce Petit commence à publier dans le Journal amusant, auquel il
restera fidèle jusqu’à sa mort. Puis en 1867, il entame une collaboration avec divers journaux
satiriques, le Hanneton, L’Éclipse, et Le Bouffon, dont ses unes en forme de portrait-charge
connaissent un grand succès, notamment celui de Gustave Courbet dans Le Hanneton. C’est
à cette époque qu’il se fait aussi connaître comme peintre et graveur. Il devient alors le chantre
de la vie provinciale et paysanne. En 1869, il réalise une suite de planches lithographiées,
Les Mésaventures de M. Bêton, et commence à exposer au Salon des huiles sur toile, comme
cette Visite du préfet. Bien que contemporain de Gustave Courbet, il n’en adopte pas le
parti-pris réaliste. Son style proche de l’illustration se veut narratif privilégiant l’approche
pittoresque à la vision sociale. Sa rencontre avec Jules Champfleury (1821-1889) lui permet
d’illustrer les Aventures de M. Tringle, précédemment parues dans L’Illustration. La même
année que notre tableau, dans une vaine semblable, Léonce Petit publie Les Bonnes gens de
Province dans le Journal amusant. Au faîte de son succès, il meurt prématurément à l’âge de
45 ans.