Page 154 - catalogue tableaux_08-2020
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ALBERT MARQUET
(BORDEAUX, 1875 – PARIS, 1947)
Bords de Seine à Villennes
1913
Huile sur toile 61 x 50 cm.
Au travers d’une trouée d’arbres, on accède à la Seine dont on aperçoit en face
l’autre rive. Comme depuis une fenêtre, la vue est parfaitement dégagée, encadrée par deux
bouquets d’arbres. D’autant que des arbres ont été abattus au premier plan comme pour
nous permettre cet accès à la berge. Leurs troncs gisent en désordre dessinant des lignes
de fuite qui nous font pénétrer dans le tableau. A travers la végétation, on distingue une
barque, probablement une périssoire, amarrée à un arbre. Sur l’autre rive, on devine un petit
édifice dont la blancheur détonne parmi la verdure. La berge à cet endroit forme une petite
plage aux teintes sablonneuses. Trois peupliers viennent ponctuer cet horizon et se reflètent
de façon fragmentée dans la Seine en contrebas. Au loin, la campagne s’étend verdoyante,
arborée, sous un ciel laiteux. La lumière est ici tamisée mais chaude. Les teintes d’un vert
profond des feuillages touffus attestent de la période estivale. Marquet nous offre ici une
composition savamment composée. Tableau dans le tableau, la vue centrale est insérée dans
un cadre végétal. Quatre plans s’étagent pour suggérer la profondeur suivant la tradition
des paysages classiques. A la rive sombre du premier plan, succède le miroir clair du cours
de la Seine dont on retrouve les mêmes tonalités dans le ciel au-delà de la rive opposée,
brossée dans un camaïeu de verts. Comme toujours chez Marquet, la touche est légère mais
154 précise, faisant ici miroiter la surface de l’eau, là, vibrer les feuilles d’un bouleau. Héritier des
fauvistes comme des impressionnistes, il sait transmettre cette présence de la nature jusque
dans ses détails atmosphériques.