Page 14 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
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GEORGES BRAQUE


Bouquet de fleurs


1943

Huile sur toile signée en bas à gauche.
19 x 33 cm.
Certifcat John Rewald.



Six marguerites et quatre tournesols sétagent dans un vase qui occupe le centre
de la composition. Leur répartition dans ce vase tout comme la disposition de celui-ci
sur ce qui semble être langle dune table, nest pas réaliste. La représentation de lespace
est ici malmenée, fragmentée voire même niée si lon considère le fond jaune uni du
tableau qui ne donne aucun indice de profondeur de champs. Le vase, à lui seul, pose
la question du volume représenté : cylindrique à ses extrémités, il présente un angle en
son centre. Aucune ombre ne vient non plus ancrer lobjet dans cet espace. Il semblerait
fotter sans le décrochement de langle de la table qui force notre regard à reconstruire
un espace rationnel. A la fois vu de face et du dessus, ce bouquet de feurs propose donc
une synthèse des diférents angles de vue possibles. La palette chromatique réduite au
jaune et au vert, à la limite du camaïeu, participe de cette simplifcation des formes. La
touche, très présente, devient motif quand il sagit de peindre les pétales. Pour autant,
lépure du traitement nen rend pas cette uvre naïve. Chaque feur est montrée dans
sa singularité, fnement observée daprès nature avant dêtre traduite avec léconomie de
moyens dune touche franche.

Georges Braque (1882-1963) est considéré avec Picasso comme linitiateur du
mouvement cubiste. Artiste total, il peint, grave, sculpte et invente la technique du
collage. Suivant dabord une formation dartisan-décorateur, il soriente vers la peinture
et sinstalle à Montmartre, centre névralgique des artistes davant-garde. Dès 1906,
il expose ses uvres au Salon des Indépendants. Dabord inspiré par le fauvisme, il
découvre luvre de Cézanne qui lamène à plus de simplifcation. Mais cest la rencontre
décisive avec Picasso dont Les Demoiselles dAvignon révolutionne son uvre, qui lui
inspire son Grand nu de 1908. De cette rencontre nait alors le cubisme, décomposant le
modèle pour mieux le recomposer, multipliant les points de vue, simplifant les formes
en les géométrisant. À partir des années 20, se défant dune dérive de son uvre vers
labstraction, Braque réintroduit lobjet réel dans ses natures mortes. Sa palette délaisse
les camaïeux de gris pour revenir à des tons plus colorés. Exposé chez Kahnweiler puis
Rosenberg, sa notoriété va croissant. Vollard lui commande une série de gravures, éditées
par Maeght. Pendant la seconde guerre mondiale, il se consacre à une peinture plus
ascétique, enchainant les séries de Guéridons et de natures mortes à laquelle se rattache
ce Bouquet de feurs.



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